Presses sur Tlemcen et sa willaya

Selon le Dr Bensenouci du département d'archéologie de l'université de Tlemcen, La recherche scientifique devra être au service du patrimoine


Dec 21, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

L'importance de la connaissance du patrimoine culturel, selon le Dr Bensenouci Ghaouti, du département d'archéologie de l'université de Tlemcen, pour les générations futures, fait de sa sauvegarde une préoccupation majeure et croissante devant impliquer tous les niveaux de la société.

Notre interlocuteur rencontré lors du colloque international sur les méthodologies de recherche des langues et littératures qui s'est tenu la semaine dernier à Tlemcen dira que "de cette situation naît un important besoin de recherches fondamentales et appliquées". Ces recherches, expliquera le scientifique, ont d'abord été menées en interface des sciences humaines ou des sciences sociales, alors que les sciences environnementales, les sciences physiques ou chimiques semblaient peu représentées. Or, ajoutera-t-il, "un certain nombre de champs de recherche développés en archéologie et en histoire de l'art font de plus en plus appel aux techniques d'analyses évoluées sur le plan structural, mécanique ou physico-chimique". Le Dr Bensenouci soulignera que ces techniques sont importantes pour résoudre des questions relatives à la nature des matériaux anciens, leur origine graphique, leur conformation ou encore les processus techniques de transformation auxquels l'homme et/ou la nature les a soumis.

La compréhension des processus de dégradation est indispensable pour protéger ces objets qui représentent des vestiges de notre patrimoine, affirmera le conférencier qui ajoutera qu'un nouveau champ d'analyse des matériaux du patrimoine est apparu depuis une dizaine d'années à partir des relations tissées entre plusieurs sciences au sein des laboratoires directement en contact avec les éléments archéologiques provenant des musées ou prélevés dans leur milieu propre. Or, "pour atteindre ce niveau de complémentarité des sciences, il devient nécessaire, voire obligatoire, en support de l'enseignement traditionnel dispensé jusque-là dans ce domaine, de renforcer l'interdisciplinarité de la recherche en archéologie et de développer l'interface avec les autres sciences susceptib les d'aider à la conservation et à la restauration de notre patrimoine culturel, puissant catalyseur pour une future ouverture de l'université", dira le Dr Bensenouci en insistant sur l'importance de la recherche scientifique pluridisciplinaire dans le domaine de l'archéologie.




Qu'ils s'appellent Benseddik, Bekri, Kebiri Bouchta ou Meradji, les poètes populaires attirent l'attention à Tlemcen

Dec 22, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

La poésie populaire a une place de choix à Tlemcen. La poésie, bien plus que la prose, est l'expression littéraire populaire par excellence dans la région de Tlemcen. De nombreux poètes, souvent anonymes, produisent et versifient, même s'ils savent qu'ils ne pourront pas éditer leurs ouvrages. La région compte des dizaines de poètes. La renommée de certains de ces poètes a même dépassé les frontières de la wilaya, comme c'est le cas de Benseddik El Mokhtar originaire de la région d'El Aricha que ses confrères considèrent comme une référence et un poète des plus prolifiques. En effet, M. Benseddik ne cesse de composer des poèmes et d'écrire tout en s'occupant de son troupeau. Le cadre bucolique semble être sa source d'inspiration. Mais, comme le souligne Meradji Mohamed, un autre poète de Tlemcen, les poèmes de M. Bensedidk restent peu connus du large public. Les responsables du secteur culturel devraient penser à donner plus d'importance à ce poète et à la diffusion de sa production, ajoutera notre interlocuteur.

M. Meradji qui est né en 1965 est, quant à lui, l'auteur de plus de 45 poèmes.

Inspiré par plusieurs géants de la littérature, il a composé ses premiers poèmes à l'âge de 18 ans. Spécialisé dans le genre melhoune qu'il a adopté dès ses premières années de versification, Meradji Mohamed écrit cependant dans le genre littéraire lorsqu'il s'agit d'exprimer ses pensées sentimentales.

Notre interlocuteur précisera qu'il ne parvient cependant pas à éditer ses poèmes qu'il a réunis dans un diwan. Aussi le poète défendra-t-il l'idée de création d'une association qui rassemblerait tous les versificateurs versés dans la poésie populaire. Une telle organisation aiderait à forcer les portes qui demeurent closes à Tlemcen devant les artistes de ce genre dans lequel excellent même des femmes comme Nakkache Leïla, Kebiri Soumaya. Quant à la composition d'un poème, elle est définie par des règles. En plus d'avoir, évidemment, la forme poétique, la rime et le rythme étant les caractéristiques principales, les oeuvres ne doivent pas être destinées à la chanson. Les textes des poèmes sont déclamés principalement en certaines occasions. Souvent, les poètes expriment en rimes et en vers une opinion personnelle, qui peut devenir morale pour les autres.

Mais, bien que la poésie populaire possède ses adeptes, elle semble être l'objet de sarcasmes chez certains chercheurs en littérature qui l'excluent du domaine de la poésie.



 

Devant le flot de produits manufacturés, la broderie menacée de disparition à Tlemcen

Jan 09, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

"Si la tendance actuelle continue, nous aurons bientôt tout oublié d'un héritage qui a traversé des siècles", estiment certains brodeurs

La broderie à travers les régions de Tlemcen a toujours été utilisée pour décorer les costumes, les robes, haïks et autres tenues d'apparat ou de circonstances Les femmes de Beni Snous, Sabra et Maghnia avaient des tâches dures aux champs autant qu'à domicile et, généralement, de nombreux enfants à élever, mais elles trouvaient toujours le moyen d'avoir le temps de broder. Lorsque la broderie d'une paysanne était bien exécutée et incluait des motifs intéressants, son statut et son prestige parmi les femmes du village s'amélioraient. Ainsi, la broderie était appréciée car elle était un signe de richesse à cause des soies qui étaient coûteuses et aussi pour des raisons esthétiques. Les techniques qui s'appliquaient à l'art de la broderie étaient enseignées aux filles dès leur jeune âge. Aussitôt qu'une jeune fille était en âge de tenir une aiguille, quelque fois à partir de 6 ou 7 ans, on lui confiait un bout de tissu et des fils, puis sa mère et ses soeurs lui apprenaient l'art de faire un point de croix net et clair et de composer les motifs de broderie typiques au village.

Les premiers articles qu'une jeune fille brodait entièrement étaient habituellement les costumes de son trousseau de mariage. Les femmes attribuaient une grande importance à leur trousseau qui était source d'une immense fierté. Celui-ci comprenait plusieurs robes et voiles et était présenté aux femmes de la région, une fois prêt. Après leur mariage, les femmes continuaient à broder de nouvelles robes pour remplacer les usées ou celles qui étaient démodées parce que la mode changeait constamment. La place de la broderie dans la vie des femmes tlemcéniennes n'a pas complètement disparu bien qu'elle se soit modifiée. Les villageoises ne brodent plus leurs costumes, et cet artisanat s'est transformé en travail informel, car broder une robe rapporte gros. Pourtant, la broderie existe depuis une époque très reculée. La broderie, grande tradition séculaire, nous met en face d'indices passionnants de la vie passée. Les ouvrages créés durant des générations en éclairent plus d'un sur la vie d'antan. Les motifs, les costumes et les techniques de production nous indiquent d'une bien belle manière comment vivaient nos aînés.

Les différents aspects de la vie de tous les jours sont "racontés" sur des étoffes délicates, parfaits indices du potentiel imaginatif et créatif qui sont un témoignage de savoir-faire, indissociable de la maîtrise des matériaux au service de la grâce. L'utilisation de la laine, de la soie, du lin ou bien du coton est universelle, de même pour le choix de certains points comme le point de chaînette et de croix que l'on retrouve dans le monde. La tradition de la région de Tlemcen, très ancienne et très réputée, de la broderie est en train de disparaître. Ces vieilles brodeuses sont une espèce en voie de disparition, aucune jeune ne veut suivre leurs traces, car il n'y a pas d'argent à se faire. La broderie est au bout du rouleau. Les fabricants de costumes traditionnels, de moins en moins nombreux, voient leur gagne-pain leur échapper à cause des copies illégales à bon marché et un manque de soutien de la part des pouvoirs publics.

Le résultat est que cette industrie est boudée par les jeunes artisans qui ne voient plus dans cet art autrefois très prisé une façon de gagner leur vie. Le flot de copies bon marché a provoqué une chute de la demande pour les costumes traditionnels authentiques faits à la main et une réduction du nombre d'artisans. On ne vend plus autant qu'autrefois. "Si la tendance actuelle continue, nous aurons bientôt tout oublié d'un héritage qui a traversé des siècles", estiment certains brodeurs. Autrefois, note-t-on, les jeunes filles de différentes régions de la wilaya se mariaient en portant des robes faites selon un modèle centenaire propre à leur région, mais peu de mariées aujourd'hui acceptent d'en porter une aujourd'hui. Elles optent pour la robe de mariée à l'occidentale, qu'elles peuvent louer dans les innombrables boutiques. 

En attendant de bénéficier d'une opération de restauration, la médina de Tlemcen sera classée patrimoine mondial

Jan 10, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Une bonne nouvelle pour la vieille médina de Tlemcen : l'Unesco est disposée à l'inscrire prochainement "patrimoine mondial", selon une responsable du ministère de la Culture qui a livré cette information lors de la visite, jeudi dernier, du directeur général de l'Unesco, M. Koicheiro Matsuura, à Tlemcen.

De l'avis de tous, pouvoirs publics, défenseurs du patrimoine et citoyens, c'est ce qui pouvait arriver de mieux à cette médina qui, sept siècles durant, a accueilli les différentes dynasties musulmanes ayant rayonné sur la région et le Maghreb pour finir, aujourd'hui, comme une relique luttant pour sa survie. Il est vrai que tout le monde s'est, d'une manière ou d'une autre, inquiété ou occupé de la sauvegarde de cette ancienne cité. Mais, les différentes actions initiées aussi bien par les citoyens que les associations ou les autorités locales se sont souvent révélées insuffisantes, quand elles n'étaient pas inadaptées. L'extension, parfois anarchique, du tissu urbain de Tlemcen, dû essentiellement aux mouvements d'exode des populations vers les périphéries de la ville, a fini par "étouffer" la médina qui gardait cependant son statut de "coeur battant" de la cité. Les Tlemcéniens sont, en effet, restés attachés à la médina qui est ainsi restée économiquement entreprenante avec des activités commerciales et culturelles des plus intenses.

Ses ruelles, ses places publiques, ses terrasses de café et ses jardins, pullulent de monde, habitants et visiteurs qui ne peuvent manquer de faire un crochet dans cette ruche active. Mais le passage du temps a laissé des traces sur les vieux bâtiments et les constructions. L'action conjuguée des éléments et de l'homme a fragilisé le bâti de la médina et sa fonctionnalité a freiné les tentatives de restauration ou de confortement. Comme pour la Casbah d'Alger et toutes les autres casbahs et médinas, les habitants de la vieille ville de Tlemcen refusent de quitter leurs maisons, même s'ils se savent incapables d'assumer leur restauration et la facture des travaux spécialisés. Aussi se contentent-ils d'effectuer, au besoin, quelques "replâtrages", mais sans prendre la peine d'utiliser les matériaux originels. Résultat, le vieux bâti perd son cachet d'authenticité pour prendre l'apparence du neuf, sans pour autant être à l'abri d'un effondrement dont le danger pèse autant sur le bâti que sur les personnes y habitant.

Les autorités locales, quant à elles, ne pouvant prendre en charge les lourds chantiers de restauration qui nécessitent de l'argent et un encadrement spécialisé, inexistant, ont non seulement laissé faire, mais elles ont même osé programmer la construction d'un centre commercial sur le flanc nord du quartier Bab Zir. Erigé sur un terrain récupéré de démolitions accidentelles d'un pan de la médina, le bâtiment tranchait par son architecture avec le site patrimonial de la médina et foulait aux pieds l'interdiction faite de construire un édifice pour altérer ou cacher le cadre architectural d'un site. Pis, on a même prévu un projet similaire sur la place de "R'hiba", en plein coeur de la médina. Et c'est la réaction des riverains qui avait contraint les pouvoirs publics à renoncer à leur projet de destruction. Cette manière de "restaurer" et le laisser-faire des autorités locales n'ont évidemment pas manqué de faire réagir urbanistes et défenseurs du patrimoine qui insistent sur la nécessité d'une approche globale de la problématique de sauvegarde et de réhabilitation du patrimoine culturel. "En dehors d'une démarche concertée avec les occupants, toute action de préservation de la médina serait vaine", dira un urbaniste cité par l'APS.

C'est à ce titre que l'inscription de la médina sur la liste du patrimoine mondial est prometteuse. Car, avec ce statut, les autorités locales pourront prétendre à une aide internationale pour l'élaboration d'une étude pointue pour la restauration du site et les défenseurs du patrimoine auront un soutien appréciable pour toutes leurs actions de protection et de sauvegarde.





La Tijania, voie spirituelle et sociale

Jun 22, 2004 (Le Soleil/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Elle aura été un bouclier contre le déchiquetage des dogmes de l'islam dans la sous-région par le colon. Elle se révèle ainsi comme sauvegarde du credo de la masse musulmane menacée par les intrigues du colonialisme.

L'adepte Tijani africain reçoit, certes, de son moqaddem, un chapelet, symbole d'une double lutte, contre, d'une part, les mauvais penchants de l'âme corrompue et, d'autre part, contre l'occupation de l'Afrique par la France et ses acolytes. Faisant de l'initié un combattant en quête d'une saine et sereine liberté, qui lui permet de mener un train de vie idéal sur le double plan spirituel et somato-psychique. Selon les témoignages, le Cheikh Sidi Ahmed Tijani exige de son adepte de ne voir en lui qu'un guide. Il taxe de mécréants tous ceux qui viennent se prosterner devant son tombeau où y immolent, en sacrifice, des ovins ou bovins.

Cheikhna Ahmed Tijani

Sidi Ahmed est né à Aïn Maadi, en l'an 1150 de l'hégire. Maints poèmes furent composés pour commémorer cette naissance. Son père, Sidi Mohammed Ben el Mokhtar Ben Ahmed Ben Mohammed Ben Salem était d'une vaste érudition. Sa mère est la fille de Mohammed Ben Sanoussi. Les deux furent atteints de la peste et moururent le même jour, en 1166 h. les membres de cette noble famille furent, pour la plupart, d'éminents polyvalents, notamment dans les sciences islamiques. Son neveu maternel Abdellah el Maadâwy, réputé par ses connaissances générales, principalement dans les sciences mathématiques, fut, comme les autres, un grand soufi. Le jeune Ahmed eut l'heur de vivre toute la fleur de son âge, dans l'ambiance saharienne de ce groupe harmonieux, élevé dans le cadre d'un pur sounnisme. Dès son premier septennat, il apprit tout le Coran par coeur, les recueils didactiques, pour devenir, dès la fin de sa deuxième décennie, un grand Alem, juriste et homme de lettres. Les gens affluaient, de toutes parts pour le consulter et profiter de sa double culture, à la fois exotérique et ésotérique. À peine âgé de seize ans, le jeune Tijani avait accédé au rang de mufti, non seulement sur le plan de la Charia, en tant que jurisconsulte, mais dans le forum plénier des sciences et arts islamiques où il excellait. Les cours qu'il donnait dans les mosquées, les controverses qu'il animait avec l'élite intellectuelle de ses contemporains, proéminents dans leur spécialité, lui assurent une large suprématie, sur le plan exotérique. Son critère foncier, qui le distinguait et le marquait dans la fleur de son adolescence, fut son attachement indélébile à un sunnisme authentique. Il fit un pèlerinage à la Mecque, où il arriva juste après le mois de Ramadan de l'an 1187 de l'ère hégirienne. C'est là qu'il rencontra le Grand Cheikh, l'Indien Ahmed Ben Abdellah. Puis il se rendit à Médine. Son retour à Tlemcen, en 1188h, couronna donc, tout un processus miraculeux de manifestations théophaniques. C'est là qu'il a pu rencontrer son premier disciple, Sid Mohammed Ben Mohammed El Mechry de Tekret, (région de Constantine). Après un long séjour à Tlemcen, il reprit en 1191h, le chemin à Fès, aspirant ardemment, à un recueillement intime auprès de l'illustre Qotb Moulay Idriss à Fès. Il rencontra alors à Oujda, son deuxième disciple, Sidi Ali Harazem, futur auteur de Jawahir el Maâny (Perles des Idées). Cet ouvrage, élaboré sur ordre du Cheikh, est devenu le compendium de la Tariqa et de la Haqiqa, dicté, dans sa majeure partie, par le promoteur de la Tijania.

Fès, ultime demeure du Cheikh Tijani

Après un périple, entre Abi Samghoûn, au Sahara Oriental et Tlemcen, le Cheikh Sidi Ahmed s'installa à Fès, sa demeure préférée, en l'an 1213h / 1798 ap.J. Son influence grandissante à Aïn Maâdi et au Sahara, inquiétait le Gouvernement Turc qui alla jusqu'à imposer un tribut annuel à Aïn Maâdi, en 1199 h / 1785 ap.J. La capitale Idrisside était alors le Centre d'épanouissement de l'Afrique (1). Son rayonnement est étayé par la grande Université de la Qaraouyène, édifiée en l'an 245h / 859 ap.J., bien avant l'Université de l'Azhar au Caire 359 h / 969 ap.J. ; Fès, étant le Centre africain optimal où s'accomplit la symbiose de la science de la Cité tunisienne de Qaïraouân et de celle de Cordoue, capitale de l'Andalousie omeyyade, à la suite de l'immigration à Fès de centaines de familles des deux capitales de l'Occident musulman. C'est " la Baghdad du Maghreb. " La nouvelle Tariqa Tijania, ainsi dépouillée de toute fissure hérétique, finit par avoir un grand impact. De hautes responsabilités accoururent de toute l'Afrique, attirées par l'éclat du célèbre réformateur dont l'avènement fut une réplique vivante au mouvement wahhabite naissant.

Expansion de la tariqa tijani en Afrique de l'Ouest

Après la mort du Cheikh Tijani en l'an 1230h / 1814 ap.J. et du Sultan, le fils aîné du Cheikh, Sidi Mohammed el Kébir poursuivit l'oeuvre. En Afrique occidentale, Omar el Fouty Tall (né à Podor en 1212h /1797 ap.J.) intégra la Tariqa Tijania, en 1249h / 1833 ap.J., par l'intermédiaire du Moqaddem fassi Sidi Mohammed el Ghali Boutaleb, qu'il fréquenta aux Lieux Saints, durant trois ans. Son premier geste, suite à cet engagement, fut le renforcement de son sultanat, sur les nègres fétichistes et animistes, dont une bonne partie finit par adopter l'Islam. Il s'attaqua, ensuite, à l'occupant français Faidherbe (1854-1865). La colonisation française débuta au XVII ème siècle, par la fondation de Saint-Louis, base de l'expansion de la France, en Afrique occidentale. La Tariqa se propagea alors au Niger, Mali et Sénégal, grâce à Omar el Fouti, doublement investi, en tant que Mourid Tijani, par le Cheikh Mohammed el Ghâli Boutaleb, et, avant lui, son premier maître Abdelkarim du Fouta. Successeur d'un disciple fassi direct du Cheikh Si Ahmed Tijani, bien en vue et un de ses éminents khalifes, le Cheikh Omar el Fouti devint le Khalife de la Tariqa en Afrique Noire. Son livre " er-Rimah " (les lances), qualifié par Sidi Larbi Ben Sayah de compendium de science, est un recueil d'enseignements exhaustifs sur le Soufisme Sounni, dont il prêchait les concepts en Afrique Subsaharienne.

Les bases de la tariqa tijani

L'Ihsân est la troisième phase, dans le processus des piliers originels de l'Islam. " C'est - précise le Hadith - adorer Dieu comme si tu Le voyais, et si tu ne Le vois pas, Lui sûrement te voit " (Boukhari ). La Tariqa, c'est l'application de l'Ihsân, dans son contexte introspectif, où la conscience se reflète dans son propre miroir ; c'est le coeur épuré de l'initié sur lequel se projette la luminescence divine ; " Craignez - dit le Prophète - la vision intuitive du croyant, qui perçoit par la Lumière d'Allah. " Les vertus spirituelles qui constituent le substrat de la Sounna, sont les moyens d'accès à cette luminance. C'est grâce à la concentration dans une sincère adoration, que le croyant accompli, devient l'image de Dieu, le Vivant et le Pourvoyeur. L'humilité, l'Ikhlâs (sincérité), la charité et l'altruisme sont l'assise foncière de toute initiation où le Cheikh soufi n'est qu'un guide qui oriente, qui exhorte le Mourid à imiter étroitement la tradition du Prophète. L'exemple sublime de l'Envoyé d'Allah demeure le critère unique de l'attrait théophanique irrésistible, qui doit immanquablement s'exercer, au sein du forum dépuré d'un ordre confrérique, édifié sur autorisation formelle mohammadienne. Le Beau et le Vrai sont les traits caractéristiques du Béhaviorisme Tijani, qui assurent à l'adepte sincère un retour inopiné à sa dignité originelle. La liberté individuelle de l'initié est dépourvue, alors, de toute maîtrise, autre que celle d'Allah. Les droits de l'homme se dégagent, ainsi, péremptoirement, de tout impact esclavagiste où la vassalité est l'exclusif du Haut Seigneur. Le Cheikh répétait souvent, comme condition sine qua non de toute adhérence à la Tariqa, la conviction que le Maître Initiatique n'est que l'esclave de la Présence et que le Mourid ne doit, guère, avoir en vue un autre que l'Unique Pourvoyeur. Il doit éliminer, dans son subconscient, tout tiers, autre qu'Allah ; le Cheikh n'est qu'un serviteur intermédiaire, en esclave élu. À l'image du Messager d'Allah, Sidina Mohammed (PSL), le Cheikh Tijani, n'a cessé d'orienter le comportement de ses adeptes, en vue d'une parfaite adaptabilité à l'Ordre divin synthétisé dans la charia. Cette conformation à la Sounna se cristallise par la créativité et la concentration du coeur de l'initié, de toute sa volonté et son attachement à Dieu et à Dieu Seul. Le Coran définit ce raffinement subtil qui ne saurait souffrir ni déviation, ni fluctuation élusive, éloignant le croyant du forum de la loi divine. Les Zikrs de la Tariqa comportent essentiellement, deux " Wirds " quotidiens et une " Wadhifa ", récitée par groupe, sauf dérogation majeure. Ils sont ou extraits du Coran ou recommandés par un hadith authentique. Les trois litanies de base sont : l'imploration du pardon d'Allah (Istighfâr), la bénédiction du Prophète (çalât), de préférence la " Fatihi", la haïlala , récitation de la profession de foi ( La ilâha Illa Allah). C'est en fait, conséquemment à cet attachement indélébile à la loi coranique que l'adepte Tijani, en tant que croyant sincère, espère un agrément sublime d'Allah. Le code Tijani est le sounnisme où le cultuel n'élimine guère un travail effectif et assidu, pour le bien de la société ; tout citoyen initié ou autre doit participer à l'oeuvre collective de la communauté.

(Source Internet : www.abdelaziz-benabdellah.org/sidicheikh.html Abdelaziz Benabdellah, La Tijania : Ordre socio-culturo-culturelLa Tijania, Voie Spirituelle et Sociale )




Les richesses patrimoniales sont toujours menacées de disparition


Apr 21, 2004 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Le patrimoine, entre triste réalité et belles promesses

"Ce ne sont pas les expositions et la musique qui protégeront le patrimoine. S'il n'y a pas une véritable prise en charge des sites archéologiques et historiques et du patrimoine immatériel, viendra un jour où il n'y aura plus rien à célébrer !" dira un archéologue

Comme chaque année, le mois du patrimoine est célébré en Algérie à partir du 18 avril, coïncidant avec la Journée mondiale du patrimoine, et s'achève le 18 mai, Journée mondiale des musées. Des programmes à profusion accueillent cet événement sous forme, entre autres, de discours répétitifs ponctués de décisions et promesses, rarement tenues, pour sauver ce qui reste du patrimoine matériel et immatériel de notre pays.

Chaque année, avant, pendant ou après la célébration en grande pompe du mois du patrimoine, les effondrements de bâtisses anciennes ou les disparitions de vestiges se poursuivent loin de tout battage médiatique. La Casbah est à ce titre un exemple parmi tant d'autres. Il est vrai que la ministre de la Culture a rappelé l'engagement du président de la République de financer la restauration de la Casbah avec l'attribution d'une enveloppe d'un milliard dégagée à cet effet. Mais plusieurs spécialistes dans le domaine du patrimoine affirment qu'il est déjà "trop tard pour la Casbah de retrouver son allure d'antan".

Ce joyau de l'architecture qui a inspiré tant de poètes et de peintres algériens et étrangers est terni, sali et livré aux vicissitudes du temps. Les décrets d'application de la loi 98/04 adoptés par le gouvernement expriment, certes, la volonté de prendre en charge des legs civilisationnels et constituent un pas en avant. Mais ce n'est là qu'un pas sur un chemin encore long. Les mesures concernant la mise en place d'une stratégie globale d'inventaire et de classification générale du patrimoine culturel ainsi que la réorganisation de l'habitat et des plans d'occupation du sol ne peuvent être considérées que comme autant d'avancées dans le domaine de la préservation du patrimoine. Mais, il s'agit aussi de rattraper ce qui a déjà été fait. La construction d'un parking à étages à proximité de la vieille mosquée sur la place des Martyrs, à Alger, est un exemple d'interdit à réparer.

De même, on ne peut qu'applaudir à l'engagement du chef du gouvernement de fournir les moyens nécessaires à la protection des parcs du Tassili N'addjer et de l'Ahaggar ainsi que les projets de création de deux parcs naturels dans la wilaya d'Adrar et dans l'Atlas saharien. Il reste maintenant à doter les gardiens des parcs et les directions de la protection des patrimoines naturels de moyens juridiques qui leur permettraient de combattre le braconnage et de s'opposer à ces battues d'extermination qui visent des espèces protégées ou des vestiges. Autre avancée qui en appelle à la continuité : la création de deux centres nationaux, le premier pour le patrimoine immatériel baptisé du nom d'El Hadj M'hamed El Anka, dont les travaux de réalisation sont lancés dans la villa Mahieddine et le deuxième, dans la villa Abdellatif, pour les recherches dans les arts plastiques.

Les deux centres ne peuvent exister en dehors d'une filière intégrant la production, la promotion et la diffusion, trois segments qui ont besoin d'un sérieux réaménagement. Ainsi, on arrive à la conclusion que ces décisions officielles fort prometteuses n'empêchent cependant pas la détérioration et la disparition d'un bon nombre de valeurs et d'objets patrimoniaux. Car, sur le terrain, peu de choses sont réalisées dans ce sens. Généralement, les autorités concernées se contentent d'inviter les directions des musées, les responsables locaux, les directeurs de la culture et les responsables des agences archéologiques à élaborer des manifestations culturelles pour célébrer le mois du patrimoine ou proposer, encore une fois, des solutions pour la réhabilitation et la restauration des sites qui souvent iront grossir la pile de dossiers constitués au fil des années et des "mois du patrimoine" précédents. Ou encore, les responsables lancent quelques instructions de prises en charge de certaines opérations de restauration qui tenteront de récupérer ce qui est encore récupérable.

A Tlemcen par exemple, le coup d'envoi du mois du patrimoine est lancé par l'organisation d'une soirée musicale andalouse à la citadelle d'El Mechouar, un site qui, malgré les différentes opérations de restauration, n'arrivent pas encore à retrouver son lustre d'antan. Au programme, des portes ouvertes sur les monuments et sites historiques, des expositions photos et des visites guidées. Côté prises en charge, les services du patrimoine à la direction de la culture ont programmé pour ce mois à Honaine l'entame des travaux d'entretien et de délimitation des zones de fouilles. En outre, ils ont convié les universitaires du département d'archéologie de l'université de Tlemcen à participer à l'inventaire des matériaux archéologiques et à la réflexion sur la création d'un embryon de musée local.A Constantine, des journées portes ouvertes sur le musée Cirta inaugurent le mois du patrimoine. Des expositions de livres et de photos sur les vestiges archéologiques et de sites historiques, dont celle organisée dans la wilaya d'Illizi sur les traditions aux XIXe et XXe siècles, projection de films, conférences-débats et visites guidées sur les sites historiques forment l'essentiel du programme.

Le mois du patrimoine est en fait une occasion de voir ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Mais on ne peut éternellement se contenter de constats qui nous diront chaque année que la situation n'est guère reluisante et que, par rapport à l'année précédente, l'Algérie a encore cédé à l'oubli une partie de son patrimoine.



Le docteur en archéologie Bensnouci El Ghouti affirme : "Il faut réinsérer les ensembles urbains anciens dans la vie

Jan 26, 2006 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --


L'environnement général actuel se manifestant de plus en plus par une désensibilisation vis-à-vis du patrimoine historique, il convient de porter les efforts sur un ensemble d'activités coordonnées sur le plan socioéconomique, architectural et urbanistique. Bensnouci El Ghouti, docteur en archéologie et chercheur au département d'archéologie de l'université de Tlemcen, nous parle de ce que devraient être la ville, le patrimoine et l'urbanisme.

Que diriez-vous de Tlemcen, sanctuaire de l'histoire ?

C'est à travers les oeuvres de ses artistes, de ses architectes, de ses musiciens, de ses écrivains, de ses savants, mais aussi à travers toutes les créations anonymes, intellectuelles ou matérielles, surgies de l'âme populaire, comme à travers l'ensemble des valeurs qui donnent un sens à la vie, que nous avons appris à percevoir notre épaisseur culturelle, que nous avons appris à percevoir et à aimer la culture des autres et surtout que nous avons compris que l'identité n'est pas le processus par lequel on est, mais celui par lequel on devient.

Par ses vestiges des siècles obscurs qui avaient précédé l'Islam, par ses monuments de l'époque médiévale dont la richesse artistique fait de Tlemcen l'une des cimes suprêmes de l'art hispano-mauresque, par la mémoire de ses habitants dont les origines remontent du fond des âges, l'histoire de la ville de Tlemcen plonge dans un passé fabuleux et vénérable où les "humanités" semblent avoir erré à travers tous les mondes extérieurs pour atteindre, enfin, au tabernacle intime. Ibn Khaldoun Abd el Rahmane, connu pour sa rigueur critique et la sagesse de son oeil, cite, non sans en exprimer le doute, ces propos qu'il attribue aux Tlemcéniens de son époque : "Notre ville est d'une haute antiquité, car on voit encore, dans le quartier d'Agadir, la muraille dont il est question dans le chapitre du Coran qui renferme l'histoire d'El Khidr et de Moïse". Cette assertion, plutôt proche de l'allégorie mythique, même si elle procédait de la singulière volonté des citadins à exalter leur ci té natale, témoigne, s'il en faut, de l'incontestable antiquité de la ville de Tlemcen et de l'importance de sa destinée.

A vrai dire, il est à craindre pour qui visitera Tlemcen, aujourd'hui, qu'il ressente quelque humeur à vouloir confronter la réalité présente avec celle que colore le reflet des livres des chroniqueurs, desgéographes ou des hagiographes.

Est-ce à dire que la ville d'aujourd'hui a fini par phagocyter la cité d'antan ?

En effet, Tlemcen est une agglomération de type urbain qui grossit très vite, mais elle grossit, fort malheureusement, aux dépens des biens de la culture. Comme les "villes d'antan", elle n'a pu échapper au phénomène de l'explosion urbaine et les conséquences d'une telle évolution sur les vestiges de l'ancienne et prestigieuse capitale des Zianides sont incalculables et, le plus souvent, irrémédiables. Sa puissante croissance démographique s'est soldée par une expansion prodigieuse et la mutilation d'une "cité historique" qui a certainement joué le rôle le plus décisif dans l'affirmation de l'identité du Maghreb central, en préfigurant l'Algérie moderne.

A-t-on pensé à sauvegarder ce patrimoine ?

Devant ce phénomène alarmant, des responsables s'efforcent de trouver des formules capables d'enrayer cette croissance extraordinaire en inscrivant dans leurs priorités des opérations d'aménagement dont le but est d'adapter aux exigences de la vie moderne les structures de la vieille ville, tout en tentant de sauvegarder ce qui reste des biens culturels par le choix d'instruments techniques et juridiques susceptibles d'assurer la pérennité des ensembles à conserver. Ils tentent, ce faisant, de mettre à contribution l'ensemble des actants potentiels, notamment universitaires à une prise en charge rigoureuse et efficiente de ces biens culturels en essayant de sauvegarder tout autant l'oeuvre d'art que le témoin de l'histoire. Il faut préciser que, jusque-là, l'effort s'était concrétisé par des opérations ponctuelles et sporadiques dont le but était de garantir la stabilité de monuments en décrépitude avancée et de tenter de leur rendre la résistance et la longévité qui leur ont été enlevées par les infirmités ou les dégradations.

Quels sont les résultats ?

Fort malheureusement, nombre de ces opérations, qui se voulaient pourtant conservatoires mais qui mal conçues et ignorantes d'un savoir-faire et de cette restauration critique qui se fonde sur le respect de la substance des valeurs esthétiques et historiques du monument et favorise son affectation à une fonction utile à la société, ces opérations, dis-je, ont eu un effet inverse de celui recherché. Elles ont, parfois, dénaturé l'édifice, rompu l'équilibre de sa composition avec son cadre traditionnel et, surtout, altéré ses relations avec le milieu environnant, ce qui risque en tout état de cause de détourner les chercheurs de la réalité historique et de constituer une falsification de notre mémoire tangible.

Quel avenir pour les sites et monuments à Tlemcen ?

Convaincus de la responsabilité morale et culturelle qu'engendre toute action de restauration dont le but vise à conserver l'efficience de l'oeuvre monumentale (dans l'acception la plus large de ce terme) et à en faciliter la lecture par les générations futures sans jamais les induire en erreur, et, surtout, convaincus de la nécessité d'acquérir un savoir-faire façonné à travers le monde, dans des entreprises de longue haleine, aux multiples aspects, qui font appel à toutes les disciplines et qui cherchent davantage aujourd'hui à réinsérer les ensembles urbains ou architecturaux anciens -chaque fois que cela est possible- dans la vie contemporaine, nous essayons, autant que faire se peut et dans une conjugaison dynamique des efforts d'instances officielles (comme l'université, la wilaya ou les APC) ou de formations citoyennes (comme les associations culturelles et scientifiques), de mener une série d'actions d'informations destinées à sensibiliser l'opinion nationale à une né cessaire prise en compte de la dimension culturelle du développement.

Peut-on avoir une idée sur les indices d'un substrat spatial ?

La lecture de l'espace urbain de la ville de Tlemcen, dans ses différentes composantes, permet de relever une certaine dichotomie entre une structure traditionnelle (la Médina) répondant à une fonction spécifique et une structure récente à vocation résidentielle et de service. La coexistence de ces deux entités urbaines a pour principale caractéristique une rupture dans la forme d'appropriation de l'espace, et le schéma de structure tel qu'adopté par les plans d'urbanisme récents qui n'ont fait qu'accentuer cette dualité urbaine qui s'est traduite par des ensembles urbains désarticulés sur le plan fonctionnel et formel.

Que peut-t-on dire de la richesse patrimoniale de Tlemcen ?

Tlemcen (mais en fait toute la région de Tlemcen) est un grand musée ouvert : elle concentre 75% du patrimoine monumental arabo-musulman de l'Algérie et son registre demeure très varié ; ce dernier se compose de quelques 40 mosquées, de plus de 16 mausolées, de médinas, de qasbas, de qalaas, d'ouvrages hydrauliques, de hammams, de remparts, de relais, mais encore de vestiges remontant à la préhistoire (la Mouilah prés de Maghnia), ou à la protohistoire (périodes berbères et carthaginoises), et à l'occupation romaine (Altava et Tepidea). Ce sanctuaire de l'histoire, quand il n'est pas simplement à l'abandon, reste insuffisamment pris en charge et la circonscription archéologique, en dépit de ses efforts, a atteint les limites de ses possibilités dans ce domaine. Ainsi, le rapport de la commission initiée par le wali au mois d'octobre 2005, en vue de parfaire et compléter l'inventaire des sites et monuments historiques et d'en dresser un état des lieux, a montré que la question du classement est loin d'être exhaustive et donc représentative de l'ensemble des biens culturels de cette partie du pays.

Ce rapport mentionne que le nombre de sites et monuments historiques qui y sont classés s'élève à 47 seulement alors que le nombre des biens immobiliers présentant un intérêt national du point de vue de l'histoire, de l'art, de l'archéologie, de la science, de la religion ou des techniques et qui ne sont même pas recensés, reste impressionnant (la commune de Tlemcen en compte, à elle seule, plus de 76). Il faut noter à ce sujet que sur les 47 sites et monuments historiques classés, 43 l'ont été entre les années 1900 et 1953 (c'est-à-dire à l'époque coloniale) et qu'il a fallu attendre l'année 1994 pour enregistrer le classement des 4 autres. Je note, là encore, que les effets réglementaires qui suivent normalement toute opération de classement ou proposition de classement ou même la simple inscription sur l'inventaire supplémentaire n'ont presque jamais été respectés et qu'au niveau des services concernés beaucoup de dossiers sont incomplets ou ont singulièrement disparu.

Est-ce que le rapport signale d'autres anomalies ?

Le rapport de la commission fait état également de dégradation avancée de monuments et de quartiers traditionnels et insiste sur l'urgence d'ériger en secteurs sauvegardés certains ensembles urbains ou ruraux caractérisés par leur prédominance de zone d'habitat et, qui, par leur homogénéité et leur unité architecturale et esthétique, présentent un intérêt historique et artistique de nature à en justifier la protection, la restauration, la réhabilitation et la mise en valeur.

Les sites et monuments historiques, comme tous les ouvrages naturels et humains, évoluent avec le temps du fait de l'action des éléments naturels ou de l'activité anthropique. Ainsi, depuis la tenue des premiers et lointains colloques qui ont concerné la question de la préservation du patrimoine bâti à Tlemcen, beaucoup de monuments qui étaient une partie de nous-mêmes, ont cessé d'exister, achevés par la vétusté ou par l'ingratitude d'esprits incultes.





Beni Snous : les échos de la vallée amazighe

Nov 20, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Beni Snous, daïra située dans la wilaya de Tlemcen et comptant trois communes, à savoir Beni Snous, Beni Bahdel, et Azails, a sacrifié un tiers de sa population durant la guerre de libération. Commune aux 1 000 chouhada, elle a également perdu plusieurs de ses fils durant la décennie noire, ceci sans parler des infrastructures saccagées. Tournant le dos à ce passé fait de morts et de malheurs, elle cherche aujourd'hui les moyens de se hisser vers le stade de développement.

Cette vallée amazighe ne cesse de lancer des appels pour une prise en charge des préoccupations des citoyens et dont le niveau de vie laisse vraiment à désirer.

Chef-lieu de daïra, cette commune comptant quelque 7 000 âmes ne dispose d'aucune structure de santé. Ses habitants sont souvent obligés de se déplacer vers les communes voisines pour se faire soigner. Il s'agit donc d'une commune terriblement oubliée de Tlemcen, et de nombreuses populations souffrent de cette situation. "Il n'y a même pas de perspective de tirer cette commune de l'ombre", déclarent les citoyens, au regard de l'énorme retard de certains projets.

L'obstacle majeur pour le développement de cette commune est, avant tout, son relief accidenté et difficile d'accès. Aucun projet n'a de chance d'être concrétisé sur un site aussi tourmenté. Recroquevillée sur elle-même, inéligible au développement à cause de son relief, la vallée amazighe est apparemment condamnée sans susciter d'émoi chez les politiciens.

En attendant, les populations vivent dans l'espoir de bénéficier de la future affectation de projets concernant le raccordement des foyers en AEP, le logement et l'électrification

Pourtant Beni Snous est connue pour son patrimoine riche et varié. Pour éviter la disparition de certaines traditions, l'appel a été lancé pour revaloriser l'artisanat, jadis prospérité de toute la vallée des monts verts de Beni Snous. Le tourisme culturel doit être développé pour permettre de revisiter le passé prestigieux depuis l'invasion de Chachnak, en collaborant avec d'autres organismes afin d'établir des normes pour la conservation du patrimoine et en tirer un bénéfice durable. C'est là l'unique satisfaction des hommes de culture de la région, et particulièrement des jeunes qui font de la protection et de la conservation du patrimoine culturel et naturel une priorité. Le tourisme culturel reste donc un enjeu intéressant dans cette région qui ne cesse de souffrir sur tous les plans, indique un élu. "Le tourisme peut contribuer de façon significative à la prospérité économique d'une région et favoriser la reconnaissance de son patrimoine culturel, à même de créer des emplois", dira-t-il.

Et comme les patrimoines culturels et naturels constituent un élément d'identité et de différenciation, étant donné qu'ils sont à la fois un instrument de découverte et de compréhension mutuelle pour les communautés culturelles. Les responsables de cette localité oubliée souhaitent la création d'un centre d'artisanat, surtout si l'on sait que Beni Snous est réputée pour la fabrication de h'ssira, poterie, tapis, etc. D'ailleurs, il importe de souligner que le taux de chômage enregistré dans la région nécessite l'intervention de l'Etat pour résorber ce phénomène qui pousse certains jeunes à la délinquance et la contrebande.

La pauvreté n'a laissé aucune chance à des dizaines de familles. La promotion de la femme rurale est une nécessité absolue. Les échos de la vallée de Beni Snous ne cesseront pas de retentir et cela aussi longtemps qu'une attention particulière ne leur est pas accordée.




Courses : le cheval au Maghreb à l'époque médiévale

Jan 23, 2005 (La Presse/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Malgré la rareté des documents, nous devinons que le cheval a joué un rôle important dans l'économie, la vie militaire et la vie politique et sociale du Maghreb médiéval.
Si la production est difficile à évaluer avec exactitude, elle doit être considérable, étant donné les différents usages du cheval, en particulier l'usage militaire dans la cavalerie, et l'usage comme monture de prestige parmi les couches sociales les plus élevées, proches des pouvoirs centraux ou locaux, et en milieu tribal.
Les chevaux que l'on pouvait trouver au Maghreb appartenaient à deux types différents, proches du cheval barbe, propre à l'Afrique du Nord, et du cheval arabe. Tous les deux étaient d'excellents chevaux de selle, vifs, rapides et résistants, aptes à une manoeuvre souple et des voltes brusques. Sans jamais les ferrer, on les montait "à la genette", avec selle haute et étriers courts.
Grâce aux témoignages des historiens, notamment Ibn Fadhl Allah Al-Umari et Ibn Khaldoun, nous pouvons reconstituer un tableau assez précis des usages militaires et sociopolitiques des chevaux dans les trois pays du Maghreb au XIVe siècle, et avoir un aperçu du rôle qu'ils ont joué dans les échanges diplomatiques et commerciaux.
Dans les armées, la place de la cavalerie était prépondérante dans les combats, et celle-ci était considérée comme le corps le plus noble. L'armée régulière comportait généralement un corps de cavalerie musulmane et un corps de cavalerie composé de mercenaires étrangers, souvent chrétiens ou renégats. Les chevaux étaient également utilisés dans la milice et les gardes rapprochées des souverains et des chefs locaux. De même, les chefs de la plupart des contingents fournis par les tribus étaient montés.
D'après les témoignages d'Ibn Fadhl Al-Umari, l'Ifriqiya (l'actuelle Tunisie et une partie de l'actuelle Algérie jusqu'à Bejaïa), au début du XIVe siècle, pouvait aligner un corps d'environ dix mille cavaliers, pendant qu'à la même époque, le royaume de Fès pouvait en aligner plus de quarante mille, sans compter ceux des garnisons des villes et des frontières maritimes.
Outre son rôle éminent dans les combats, la cavalerie constituait une pièce maîtresse dans les revues et les parades militaires, et les cavaliers offraient les jeux sportifs les plus passionnants lors de spectacles organisés pour la distraction du souverain et des hauts dignitaires. Ibn Fadhl Allah Al-Umari relate dans le Masalik el-absar fi mamalik al-amsar une de ces joutes militaires donnée à l'époque des sultans mérinides : " Le sultan se rend à la campagne, en milieu largement ouvert. Il reste debout sur une butte de terre. Les troupes montent à cheval autour de lui. Devant lui, les chevaux s'élancent les uns contre les autres. Les cavaliers joutent avec leurs lances, les adversaires se défient. C'est la guerre que l'on imite devant lui. Leurs rangs serrés se dressent devant lui comme si c'était vraiment la guerre et le combat, tout cela dans le but de s'aguerrir".
Mais le rôle des chevaux ne s'arrêtait pas là : ils contribuaient d'une manière décisive à la pompe du pouvoir et au prestige social d'une façon générale. Les chevaux les plus beaux étaient réservés aux souverains et aux hauts dignitaires, et monter à cheval marquait un rang social. Au Maghreb extrême, en Ifriqiya et en Andalousie, quand le souverain se rendait en cortège solennel aux prières des grandes fêtes ou à celle du vendredi, quand il sortait ou rentrait dans sa capitale, et quand il faisait sa sortie quotidienne ou hebdomadaire, il s'avançait à cheval, accompagné des insignes royaux (étendards, tambours, parasol, etc.), au milieu des hauts personnages de sa famille et des chefs de la dynastie, qui étaient généralement à pied, et qui ne montaient à cheval que lorsque le sultan les y invitait. D'après Ibn Fadhl Allah Al-Umari, prendre place à cheval aux côtés du sultan était considéré comme un honneur, réservé aux grands dignitaires de la dynastie : "Quand le sultan est à cheval, il ne saurait avoir à ses côtés que l'un des grands cheikhs des Banu Marin ou l'un des principaux chefs des Arabes bédouins. La plupart du temps, quand il fait appeler quelqu'un, celui-ci ne se présente devant lui qu'à pied. Parfois, le visiteur lui parle en allant à pied à côté de lui, parfois, pour lui faire honneur, le sultan lui ordonne de monter à cheval2". Lorsque le souverain de Fès répondait aux plaintes de ses sujets, ceux-ci devaient le guetter sur son passage à cheval. Pour honorer les plus hauts personnages de l'Etat, on leur permettait de prendre place à cheval, aux côtés du souverain.
Si la mule, voire l'âne n'étaient pas négligés comme montures, même par les plus importants personnages, c'était le cheval qui était entouré du plus grand prestige. Ibn Khaldoun, comme les autres grands dignitaires, voyageait à cheval, comme il nous l'apprend à l'occasion du récit d'une mésaventure qui lui était arrivée lors d'un voyage de l'Algérie au Maroc à travers le Sahara, voyage au cours duquel il fut contraint de céder sa monture à l'issue d'une attaque de brigands. Le même Ibn Khaldoun précise que, débarqué à Bejaïa où il était appelé par le prince Abu Abdallah pour occuper le poste de chambellan, il fut accueilli par les hauts dignitaires de la ville, montés à cheval.
Mais le témoignage le plus intéressant, que nous devons au grand historien maghrébin, concerne les échanges de présents entre les souverains maghrébins et égyptiens, où le cheval tenait une place prépondérante. Pendant son séjour en Andalousie, où il fut reçu par le roi Mohamed Ibn Al-Ahmar, Ibn Khaldoun fut envoyé par celui-ci en ambassade auprès du roi de Castille, Pierre le Cruel, en 1363. Il était porteur d'un présent "comprenant notamment des soieries et des chevaux de race pourvus de lourds étriers en or". Lui-même se vit offrir de la part du souverain chrétien, avant son départ de Séville, "une mule fringante munie de lourds étriers et d'une bride en or".
Plus tard, installé en Egypte durant les vingt-cinq dernières années de sa vie, Ibn Khaldoun joua le rôle de conseiller pour les affaires maghrébines auprès du roi Mamlouk Al Zahir Barqûq. Celui-ci, qui appréciait les chevaux maghrébins pour leur résistance, fit plusieurs tentatives pour en acquérir. La première, qui se trouvait liée à un drame personnel d'Ibn Khaldoun, échoua : les chevaux que le sultan de Tunis lui envoya en cadeau dans le navire transportant sa famille, qui allait le rejoindre dans son pays d'adoption, fit naufrage au large d'Alexandrie. Une autre tentative rencontra des difficultés inattendues : le roi de Fès, Abu Al Abbas Ahmed, mourut avant d'avoir expédié le présent qu'il destinait au souverain égyptien. Barqûq, impatient, envoya au Maghreb un émissaire pour acheter les chevaux qu'il désirait tant. A son arrivée à Fès, l'émissaire fut heureux de trouver le présent du roi déjà prêt à partir, et sur son chemin vers l'Egypte, il reçut les présents des rois de Tlemcen et de Tunis. Tous ces présents arrivèrent enfin au palais du roi Al-Zahir Barqûq en l'an 1397. Ils furent exposés devant le souverain et les grands dignitaires de l'Etat, puis partagés. Voici la description qu'en donne Ibn Khaldoun dans son Autobiographie :
"Le présent du maître du Maghreb comprenait : trente-cinq chevaux pur-sang, munis de selles brodées en or, de brides dorées, d'épées ornées : trente-cinq charges de cuir, de tissus de soie, de lin, et de laine de la meilleure qualité. Celui du maître de Tlemcen : trente chevaux avec des étriers dorés et plusieurs charges de tissus. Enfin, celui du maître de Tunis : trente chevaux recouverts de housses, sans étriers. Tous les objets étaient d'un beau travail et d'une espèce rare. Le jour où ils furent exposés devant le sultan, celui-ci se tenait dans la salle du trône, entouré de toute la pompe royale".
L'échange de présents constitués d'objets rares entre les souverains d'Egypte et du Maghreb, précise Ibn Khaldoun, est une tradition ancienne, remontant au moins jusqu'à l'époque de Saladin. Pour les royaumes de Fès et de Tlemcen, ces échanges se faisaient généralement à l'occasion du pèlerinage à La Mecque, lorsque les pèlerins maghrébins devaient traverser l'Egypte pour se rendre en Arabie. Pour l'Ifriqiya, ils se produisaient plus fréquemment, à l'occasion des différentes fêtes de l'année. Ils avaient sans doute une importante portée diplomatique, et permettaient, en outre, de faire connaître les produits de chaque pays. Ibn Khaldoun évoque plusieurs exemples de ces échanges, entre Saladin et l'Almohade Ya'qub Al-Mansur, entre le Mérinide Yusuf Ibn Ya'qub et le roi mamlouk Al-Nasir Mohamed Ibn Qalawun, et entre le roi mérinide Abu Al Hassan et le fils de ce dernier, le roi Al Nasir Ibn Muhamed Ibn Qalâwun. Ayant lui-même assisté, jeune, à l'arrivée du présent égyptien à Tunis, il en donne une description émerveillée : "Le présent du roi Al Nasir [en réponse à celui que lui avait envoyé Abu Al Hassan quelques années auparavant] comprenait :
- toute la livraison d'étoffes (soieries et tissus fabriqués à Alexandrie) qui était annuellement portée au palais du roi (égyptien) : elle avait une valeur de 50.000 dinars;
- une tente royale fabriquée en Syrie; conçue comme un palais, elle était composée de plusieurs pièces pour dormir, des salles pour les réunions, des cuisines, des tours de surveillance, et d'autres tours dont l'une devait servir au sultan pour la revue des troupes;
- une maquette de mosquée avec mihrab, colonnes, minaret, faite de pièces de lin recousues, coupées selon les formes voulues par ceux qui ont conçu la maquette;
- une deuxième tente, ronde et haute, surmontée d'un cône; très spacieuse, elle pouvait abriter plus de cent cavaliers;
- dix chevaux pur-sang, avec étriers et mors en or poli.
"Quand ce présent passa par Tunis, il était accompagné par des serviteurs chargés de dresser les tentes. On l'exposa devant le sultan de Tunis, et je pus voir ce jour-là de mes propres yeux toutes les choses qu'il renfermait ( ). Longtemps après, on continua à en parler avec émerveillement".
On remarquera que le somptueux présent égyptien ne comprenait que dix chevaux. En revanche, celui du roi mérinide auquel il répondait, en plus des produits les plus beaux du Maghreb, comprenait cinq cents chevaux. On remarquera également qu'étant donné la quantité des produits échangés et leur valeur, qui dépassait plusieurs centaines de milliers de dinars d'or, il s'agissait en réalité d'un véritable échange économique, sous forme de troc.






Associations musicales andalouses d'Alger : intense labeur pour perpétuer un héritage ancestral

Sep 01, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Les associations musicales andalouses en Algérie sont le témoin vivant de la réussite de la formation de proximité au profit des jeunes pour la transmission et la préservation d'un pan de notre patrimoine immatériel. Dans notre pays, il existe trois grandes écoles de musique andalouse. Celle de Tlemcen qui représente le ghernati, celle d'Alger qui enseigne la çanaa et celle de Constantine qui représente le malouf.
A l'origine, le répertoire de la musique andalouse était composé de 24 noubas, dont chacune exprime une composition instrumentale et vocale correspondant à chaque heure de la journée. Malheureusement, aujourd'hui, il ne subsiste plus que 12 noubas. Dans le souci que ces dernières ne tombent dans l'oubli, de grands noms ont oeuvré et continuent d'oeuvrer pour la préservation, la sauvegarde et la transmission des différents modes qui ont survécu grâce à la formation au sein d'associations musicales.
Dans le cadre associatif, "El Djazaïria" et "El Mossilia", deux anciennes associations, ont le même but : la sauvegarde et la transmission des bases de la musique classique arabo-andalouse.
C'est ainsi que les deux centres de rayonnement musical avaient décidé d'unir leurs efforts afin que leurs actions deviennent plus efficaces. A cet effet, elles avaient fusionné sous une seule bannière, le 15 octobre 1951. Depuis cette date, plusieurs générations de musiciens et d'interprètes ont porté la beauté des noubas dans le monde entier. L'action de ces deux associations avait été un véritable catalyseur pour l'éclosion d'une nouvelle mouvance dans plusieurs régions du pays.
Il est à signaler que la majorité des associations, créées dans les années trente, avaient disparu ou gelé leurs activités, durant la Seconde Guerre mondiale.
Avec l'indépendance de l'Algérie, le souffle de la liberté marque la reprise des activités des diverses associations au niveau national. Cet engouement marque l'attachement à un patrimoine musical d'une grande valeur, héritage d'une tradition séculaire. C'est dans cet esprit que l'association "El Djazaïria El Mossilia" deviendra une véritable école de musique andalouse. Ainsi, chaque année, elle compte dans ses rangs plus de trois cents élèves, filles et garçons, appartenant à toutes les couches sociales. Il est à préciser que l'association a été la première à avoir introduit la mixité dans ses cours. Elle sera très appréciée pour la rigueur et la haute qualité de son enseignement. C'est tout naturellement qu'elle servira de modèle à de nombreuses associations qui s'attelleront à suivre son exemple. Au jour d'aujourd'hui, l'association continue à présenter régulièrement des concerts en Algérie. Elle est aussi l'ambassadrice de la musique andalouse à travers plusieurs représentations à l'étranger. L'orchestre est composé de jeunes amateurs dont certains sont dans le primaire, d'autres poursuivent leurs études universitaires, alors que quelques-uns, entrés dans le monde du travail, continuent à être des membres actifs au sein de l'orchestre. C'est en octobre 1986 que l'association "Essendoussia" voit le jour après moult difficultés.
Ne possédant même pas de local, les premiers membres ont commencé leurs répétitions dans un atelier de restauration de meubles au chemin Bobillot. Ce n'est qu'en 1987 que le Comité des fêtes de la ville d'Alger a mis à la disposition de l'association un autre local au sein du théâtre de Verdure d'Alger. Malgré les difficultés, les membres de l'association n'ont cessé de déployer d'intenses efforts dans une série d'activités. Disposant, au départ, d'une seule classe constituée d'une quinzaine de personnes dont la plupart étaient des élèves du conservatoire d'Alger. Mais au bout d'une année, avec la réputation grandissante de l'association, le nombre d'élèves augmenta et plusieurs classes ont été créées pour répondre à la demande des candidats.
Ainsi, peu de temps après sa création, Essendoussia comptait déjà dans la classe supérieure près de 45 élèves.
Le dur labeur des membres de l'association a été couronné par l'attribution successive de deux premiers prix lors du festival du Printemps musical d'Alger en 1987 et 1988.
Cette association a également innové dans la sauvegarde du patrimoine andalou en étant la première à enregistrer une casette audio, qui avait été un véritable succès grâce à sa haute qualité musicale et technique. Essendoussia a également poursuivi l'enregistrement de plusieurs cassettes et CD sur des modes différents tels que le aroubi, le rasd-dil, le ramel et le ghrib.
Dans un autre registre, "El Djazira" est une association musicale qui se distingue par une approche différente pour la promotion de la musique classique andalouse auprès des nouvelles générations.
Au départ, l'ensemble d'El Djazira s'est constitué en trio, puis en quatuor et enfin en quintette. Ils ont innové en écartant les percussions, tar et derbouka, afin de donner une nouvelle fluidité à la musique savante.
C'est dans cet esprit qu'en décembre 1998 l'orchestre de musique de chambre est né sur une idée de Bachir Mazouniz pour une nouvelle approche de l'expression de la musique andalouse avec la collaboration de musiciens provenant d'institutions académiques de musique universelle.
Ainsi, dans sa constance et ses idées novatrices, El Djazira aspire à universaliser le patrimoine andalou algérien, tout en préservant l'originalité et les repères culturels de cette musique.
L'une des dernières associations à avoir vu le jour à Alger est l'association Mezghenna, créée le 28 février 1999. L'objectif de l'association est de vulgariser et de promouvoir la chanson andalouse et le hawzi par la création d'écoles et de chorales, et participer à des festivals et concerts tant en Algérie qu'à l'étranger avec les jeunes et talentueux artistes et musiciens issus des grandes écoles d'andalou d'Alger, avec pour ambition la préservation du patrimoine culturel algérien.
Aux alentours d'Alger, il existe également plusieurs associations qui activent dans le domaine de la formation et la transmission de la musique andalouse. A titre d'exemple on peut citer l'association musicale "El Widadia", de la ville des Roses, l'une des plus vieilles formations du pays, créée en 1932.
Son fondateur, l'illustre Mohamed Khedaoui dit "Si Moussa", décéda le 30 janvier 1954. Il était l'un des promoteurs de la renaissance culturelle à Blida. En parallèle, il dirigeait la troupe théâtrale d'où émergèrent Mohamed Touri, Si Bachir, Si Bouziane Bouleghbar.
La section musicale était encadrée par Boualem Bouteldja dit Stamairo, Ahmed Lahsib. En 1936, "El Widadia" est renforcée par un professeur attitré,
Si Mahieddine Lakhal qui contribua grandement à l'éclosion de Dahmane
Benachour, Hadj El Mahfoud. De succès en succès, l'association s'était produite sur les scènes de toutes les grandes villes algériennes et même à l'étranger. Hélas, cela ne dura qu'une dizaine d'années. La Seconde Guerre mondiale éparpilla ses membres et la troupe fut dissoute. Ce n'est que grâce aux efforts répétés de ces anciens membres et surtout d'Oukaci
Mahfoud que l'association revient sur le devant de la scène en 1971. Les répétitions avaient repris dans un petit local de la rue Abdellah pour avoir enfin un siège sur le boulevard Mahjoub Boualem. Dès sa reprise, elle est finaliste au 3e Festival national de la musique andalouse de 1972 et obtient le 1er prix au Festival de la jeunesse de 1973. Ainsi, l'ensemble blidéen représente l'Algérie en digne ambassadeur à plusieurs occasions. Aujourd'hui, l'association compte environ 120 élèves répartis en trois classes.
L'autre association emblématique de la canaa d'Alger est celle d'"El Djenadia", en hommage à cheikh Si Boualem El Djenadi, natif de Boufarik. Cette association a vu le jour le 5 octobre 1986 à Boufarik.
El Djenadia s'est relevée en 1996 en se fixant de nouveaux objectifs, à savoir prendre part au développement culturel du pays, ainsi que la création d'une école de musique afin de familiariser la jeunesse avec ses chants ancestraux. Actuellement, l'association oeuvre quotidiennement pour la vulgarisation et la sauvegarde du patrimoine musical andalou.





Protéger les arbres, c'est vital

Mar 22, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Plus de 50 arbres par habitant sont nécessaires à la purification de l'air pollué

A l'occasion de la Journée mondiale de l'arbre, les régions de la wilaya de Tlemcen ont célébré l'événement chacune à sa façon. Et ce, afin de démontrer le rôle que joue cette espèce végétale dans la vie de l'être humain et l'environnement. Partout dans les circonscriptions des forêts, à savoir Sebdou, Ghazaouet, Maghnia, Tlemcen des explications ont été données concernant l'environnement, les forêts, ainsi que des opérations de plantation d'arbres Les intervenants ont tenté de décrire que la végétation sous toutes ses formes (arbres, arbustes et espèces herbacées, arbres isolés, en bosquets ou en forêt) constitue un élément des écosystèmes urbains et naturels. L'arbre absorbe et réfléchit les radiations solaires de telle sorte que l'individu recherche l'ombre lors de journées ensoleillées et de grande chaleur. Les conifères assurent une protection contre les radiations solaires pendant toute l'année. L'absorption par la végétation des radiations de grande longueur d'onde provenant du soleil permet également aux arbres de réduire l'écart entre les températures diurnes et nocturnes.

Sous un couvert d'arbres, les journées seront moins chaudes, tandis que les nuits seront moins fraîches. Par ailleurs, les anciens retraités ont tenu à souligner que la végétation joue un rôle important pour la protection des sols contre l'érosion par l'eau et le vent. Laissés à nu, les espaces ouverts en milieu urbain peuvent se dégrader rapidement. L'absence de couvert végétal rend la surface du sol plus sensible à l'impact des gouttes d'eau et à la force du vent. Il peut s'ensuivre une dégradation de la structure du sol ou une perte de matériau (par ravinement, érosion par ruissellement, boues, vents de sable, etc.) C'est pourquoi, ils insistent sur la nécessité de prendre soin de l'arbre. Lors de cette journée, plusieurs cadres retraités, et gardes forestiers ont été honorés en présence des autorités locales. Il est à noter qu'à travers la wilaya de Tlemcen les incendies ont engendré de graves pertes, et l'appel a été lancé pour protéger ce que nos ancêtres et la nature nous ont légué : l'arbre.





Jamal Eddine Bencheikh, chantre du dialogue entre les cultures (PORTRAIT)


Copyright Agence France-Presse, PARIS, 10 août 2005 (AFP) -

L'écrivain franco-algérien Jamal Eddine Bencheikh, décédé lundi à Tours à l'âge de 75 ans, était un spécialiste du patrimoine littéraire arabe et un chantre du dialogue entre les cultures.

Auteur et critique exigeant, avare de son amitié, il s'était attelé pendant des années à la traduction des "Mille et une nuits", dont une nouvelle édition vient d'être publiée dans la Pléiade chez Gallimard.

Disciple de l'orientaliste français Régis Blachère, il s'était distingué dès ses premières années d'étude par sa volonté de "faire autre chose".

"On a toujours voulu m'apprendre à regarder dans une direction, alors que je veux regarder dans une autre", avait-il l'habitude de plaisanter pour expliquer notamment la distance qu'il prenait avec ses maîtres.

Vif de caractère, ce chercheur passionné s'était distingué par sa dénonciation sans appel de l'islamisme et avait notamment critiqué cette "poignée (d'intégristes) qui parle au nom de l'islam de telle manière qu'elle est en train d'approfondir l'incompréhension entre les musulmans et l'Occident".

"L'islam auquel je crois est une foi et non un pouvoir, une morale et non une politique, j'en appelle à la spiritualité contre l'arbitraire et la tyrannie qui gouvernent l'esprit d'une poignée de musulmans", affirmait-il.

Préférant l'ombre à la lumière, il s'était consacré à la littérature arabe médiévale, qu'il enseignait à la Sorbonne et dont il était l'un des plus éminents connaisseurs en France.

Spécialiste de la poésie arabe, il était l'auteur d'une anthologie de la poésie algérienne francophone entre 1945 et 1965 et d'un ouvrage de référence sur le sujet publié en 1989 chez Gallimard. Il avait traduit aussi de nombreux poètes arabes.

Il est également l'auteur d'une introduction aux "Prolégomènes" d'Ibn Khaldoun, considéré comme un des fondateurs de la sociologie, dans laquelle il mettait en évidence le rationalisme de l'auteur arabe.

Exil volontaire

Bencheikh était né à Casablanca (Maroc) en 1930 d'une famille algérienne de magistrats musulmans originaire de Tlemcen (ouest algérien).

Après deux années d'études supérieures à Alger entre 1951 et 1953, il avait rejoint la Sorbonne pour y terminer sa formation.

Il était rentré en Algérie après l'Indépendance, en 1962, et avait fondé le département de littérature comparée au sein de la jeune université algérienne. Mais en 1969, il s'impose un exil volontaire en France pour protester contre les restrictions de libertés imposées par le régime de parti unique de Houari Boumediène (1965-1978).

Il enseigne à l'université de Vincennes, aux côtés notamment de Jacques Lacan et Michel Foucault.

Son second retour à Alger, en 1992, à l'invitation du ministre de l'Enseignement supérieur Djillali Lyabès, se solde par un nouvel échec. Il reprend le chemin de la France après l'assassinat du ministre par un groupe armé intégriste.

Bencheikh était aussi l'auteur de plusieurs contributions à caractère politique, réunies en 2001 dans un recueil intitulé "Ecrits politiques".

Dans ces textes d'une grande vigueur intellectuelle, il abordait à sa façon, distanciée et critique, avec une pointe de découragement, les problèmes posés par l'islamisme, le conflit israélo-arabe et la dégradation du monde arabe voué aux tyrannies et à l'arbritaire contre ses penseurs, ses poètes et ses écrivains.





Une bonne partie du répertoire ayant déjà été perdue, transcription et enregistrement du patrimoine musical s'imposent

Mar 17, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Comme dans tous les autres secteurs du patrimoine national, la musique andalouse a été pendant longtemps négligée pour ne pas dire oubliée.

Une négligence qui lui a coûté, entre autres, douze de ses noubas perdure. Quant aux douze autres noubas restantes, elles n'ont fait l'objet de transcription et d'enregistrement que récemment. Les associations de la musique classique algérienne étaient pratiquement les seuls organismes qui ont permis à cette musique, que très peu d'artistes ont tenté d'affranchir, de s'exercer hors des partitions. Cependant, ces associations qui activent un peu partout sur le territoire national ne donnaient qu'occasionnellement des concerts, n'attirant qu'un public d'initiés et de connaisseurs, certes, mais hélas peu nombreux.

Enseignement et divulgation

Néanmoins, il semblerait que, ces dernières années, la musique andalouse se soit sauvée de la déperdition, se libérant enfin de son inertie. Les noubas quittent, petit à petit, leur nid dans les associations pour s'envoler vers d'autres horizons. Pour commencer et ce, pour la première fois dans l'histoire de la musique classique algérienne, un orchestre national est né d'une union entre les trois grandes écoles de la musique andalouse, celles d'Alger, de Constantine et de Tlemcen. "Le but de cet orchestre national de la musique andalouse est de briser le mur de Berlin qui s'est construit entre les trois écoles", dira M. Rachid Guerbas, directeur de l'orchestre. "La rivalité qui persistera entre ces écoles ne fera que les stimuler dans le domaine de la recherche et de la préservation du patrimoine en se rapprochant de l'interprétation originelle, boucler les compositions inachevées et transcrire l'héritage immatériel andalou non inscrit. Par la même occasion, on interviendra dans l'enseignement pour former les futures générations."

Transcription et préservation

Du côté des artistes indépendants, le maître de la musique andalouse, Sid Ahmed Serri, s'est beaucoup investi pour préserver la tradition andalouse authentique et ce, en entreprenant l'enregistrement intégral du répertoire musical classique de l'école d'Alger, aidé de Bouabdellah Zerrouki. Cette louable initiative, contribue largement à mettre à l'abri de la déperdition ce riche patrimoine. Nassereddine Chaouli se joint à lui en annonçant pour sa part que, bientôt, il se lancera dans l'enregistrement des douze noubas. Une opération d'enregistrement et de transcription déjà effectuée par Beihdja Rahal dès le début de sa carrière dans les années 90. "C'est l'idée de divulguer et conserver le patrimoine andalou qui a motivé le lancement de ma carrière. Mon premier souci était d'enregistrer et de restituer les douze nouba, ce qui n'avait jamais été fait auparavant", dira l'artiste. Diplômée du Conservatoire d'Alger et élève de grands maîtres tels que M. Khaznadji, A. Fakhardji et Z. Karkachi, Beihdja entame son "rêve" en créant d'abord en 1993 à Paris, son propre orchestre selon les normes esthétiques de l'école de musique arabo- andalouse d'Alger. Il en résulte l'enregistrement en France de la première nouba, Zidane, en cassette. Les autres noubas suivront au fur et à mesure, non seulement à travers des enregistrements mais aussi à travers des concerts promotionnels que l'artiste organisait en Algérie comme en France. "Ce qui n'a pas été aisé vu le peu d'intérêt que manifestait le public algérien, les jeunes notamment, à cette musique", estime-t-elle.

La nouba suscite l'intérêt

Avant que la boucle des douze noubas ne soit bouclée, beaucoup se sont interrogés sur la "suite" du projet de Beihdja Rahal. "Je ferai peut-être du raï !", se plaisait-elle à répéter en plaisantant. Cependant, l'artiste savait d'ores et déjà ce qu'elle allait faire, le projet de préservation des noubas étant loin d'être achevé. "Mon travail de recherche est loin d'être terminé. J'ai l'intention de relancer les douze noubas en rajoutant cette fois-ci des morceaux inédits", a-t-elle annoncé. En "fouinant", entre autres, du côté des maîtres défunts de la musique andalouse, Beihdja a pu "dénicher" des compositions inédites qu'on croyait disparues. C'est le cas de la nouba Mezmoum, titre de son dernier album sorti en septembre 2004. Cette nouba, publiée pour la première fois en France en 1997, est rééditée avec l'introduction d'autres morceaux qui manquaient à la première édition. "Grâce aux partitions et aux bandes sonores originales d'El Hadj Omar Bensemmane laissées à son fils, Yacine, on a pu trouver des morceaux inédits qui n'avaient jamais été exploités auparavant", affirme-t-elle en promettant d'autres surprises du même style.

L'interprète de la musique andalouse Nassima a annoncé pour sa part, il y a quelques mois dans une conférence de presse, qu'elle a l'intention de contribuer à la préservation du patrimoine andalou. "Je suis assez fière d'être la première femme à avoir interprété une nouba complète. Avant de mourir, El Hadj Sadek m'a laissé comme testament les partitions de la musique andalouse. Il m'a dit : Je te confie la musique andalouse, prends en grand soin et surtout conserve-là !" confie Nassima. C'est pour cette raison, ajoutera-t-elle, que j'ai repris mes études en musique arabo-andalouse en France. Pour mieux exaucer les dernières volontés de Hadj Sadek, Nassima part effectivement en France et redémarre à zéro. "J'ai refait mes études et après dix ans d'absence en Algérie, je me sens prête pour réaliser mon projet".

Préservation du patrimoine : enjeux et perspectives

Mar 17, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Les richesses patrimoniales constituent les fils d'une trame identitaire

Parmi les dossiers importants auxquels s'attelle le ministère de la Culture, le patrimoine tient une place cardinale. De sa promotion, sa préservation et sa restauration, il est souvent question ces derniers mois, voire ces dernières années. Décliné dans ses différentes facettes, muséale, archéologique ou immatérielle, le patrimoine algérien s'avère être un chantier dont les frontières non encore établies tendent à être dessinées via la mise en place d'une nomenclature et d'un inventaire initié l'an dernier par la ministre de la Culture, Khalida Toumi. Le recensement des biens matériels et immatériels étant le préalable à toutes les opérations de protection et de restauration. Sur la sauvegarde des monuments historiques et archéologiques, l'urgence n'a d'égal que la fragilité et la vulnérabilité des sites face à la corrosion induite par le temps et les hommes. La Casbah d'Alger tient une position phare, un rôle pilote pour une politique culturelle de la réhabilitation. Ce site, datant de l'époque ottomane, qui s'étend sur 40 hectares, fait l'objet aujourd'hui d'une vaste opération de restauration architecturale.

Classée patrimoine national en 1991, et patrimoine universel par l'Unesco en 1992, la Casbah d'Alger, célébrée tous les 23 février, nécessite pour sa résurrection des fonds qui se chiffrent en dizaines de milliards de centimes mais aussi une expertise et un savoir-faire pour lesquels il faut investir. De la mosquée de Sidi Ramdane au mausolée de Sidi Abderrahmane Ethaalibi, du palais Dar Essouf à la Citadelle, de Dar El Qadi à Dar El Hamra, le chemin est aussi celui de l'Histoire que l'on épargne. Il s'agit également de préserver des métiers que des artisans ont longtemps perpétués et qui risquent l'extinction. Le chantier "Casbah d'Alger" mené à terme, matérialisera en somme l'optimum de la promotion du patrimoine, dans le sens où il garantit la continuité de la vie sociale et culturelle. Les autres casbahs (de Constantine, de Béjaïa, de Cherchell ou Tlemcen) les médinas, les ksour, devront être appréhendés non comme des monuments figés ou des musées mais des lieux de vie. Comme en témoigne la loi 98-04 portant protection du patrimoine culturel, qui apporte la nuance sur la définition du patrimoine culturel dans ses deux dimensions matérielle et immatérielle.

es projets et bien d'autres n'échoient pas uniquement au ministère de la Culture mais nécessitent l'implication d'autres secteurs tels que l'Intérieur, l'Habitat et l'Urbanisme, ou l'Aménagement du territoire, et bien évidemment celui des Finances pour délier les cordons de la bourse. Les subsides, si maigres soient-ils, sont la condition sine qua non pour ouvrir les chantiers de la restauration du patrimoine, qu'il faut quelquefois chercher auprès des institutions internationales. Comme en atteste le programme Manumed, concernant la conservation des manuscrits (autre legs patrimonial qui dort dans les khizanate) qui avait mis 100 000 euros dans l'escarcelle algérienne. Ou les 400 000 dollars octroyés sur les dix dernières années par le Fonds du patrimoine mondial, relevant de l'Unesco. Après le bâti, le manuscrit, vient l'immatériel, patrimoine évanescent qui compte aussi bien les us et les pratiques socioculturelles, le patrimoine lyrique, et les savoir-faire locaux.

Rouler le couscous, fredonner une berceuse, célébrer le Mawlid ennabaoui ou entamer une touiza constituent les fils d'une trame identitaire. L'Algérie, qui a accueilli en janvier 2005 la sixième réunion régionale sur la Convention pour la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, figure en première place sur la liste des pays signataires. En ratifiant cette convention, "l'Algérie n'a fait qu'exprimer son engagement pour la préservation de ce qui fait l'essentiel de l'humanité : une mémoire, transmise par la tradition, une identité enveloppée de mythes fondateurs et d'imaginations créatrices, et une histoire transcrite dans l'élégance du geste et de la parole", avait souligné Khalida Toumi lors de son allocution d'ouverture.

Sur ce chapitre, la musique tient une place première. Le patrimoine lyrique, à transmission essentiellement orale, gagnerait à être préservé par l'enregistrement et la transcription. Le la a été donné par la tutelle avec l'enregistrement de l'Imzad, répertoire et genre musical pratiqué exclusivement par les femmes touarègues. Les noubas, suites musicales arabo-andalouses, font l'objet de différentes tentatives de sauvegarde, par l'enregistrement et induisent des polémiques sur le terrain de la transcription. Restent une multitude de genres, synonymes d'une pluralité d'expression, à perpétuer et graver pour la postérité. La gageure étant de ne pas conjuguer sauvegarde et décontextualisation, protection et momification, afin que le patrimoine, dépoussiéré, respire au rythme des pulsations de la société. 

Colloque sur les ouléma et érudits de la wilaya de Bouira

Apr 26, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

L'un des domaines du patrimoine culturel immatériel de la wilaya de Bouira, qui a été omis par le passé, sera évoqué à partir d'aujourd'hui et durant deux jours dans le cadre d'un colloque organisé par la direction des affaires religieuses et des waqfs au niveau du théâtre communal de la ville de Bouira sur les oulémas et érudits de la région.

Cette rencontre est considérée par les organisateurs comme l'occasion de rassembler les chercheurs et les penseurs en théologie des différentes universités du pays afin de retracer le passé historique de la wilaya depuis les XIIIe et XIVe siècles, où la région était connue pour ses érudits dans les différentes disciplines de la recherche en théologie, les mathématiques et la médecine, jusqu'à la période actuelle. Les deux journées du colloque seront consacrées à des interventions des docteurs spécialistes en histoire, d'anciens ministres des Affaires religieuses, tels que Y. Bouaziz, S. Chibane, etc., sur la tribu des M'chedalli, dans la localité de M'chedallah, à l'est de Bouira, qui a vu naître une dizaine d'érudits et penseurs ayant contribué par leurs travaux à l'avancement des sciences et de la culture dans la région avant d'émigrer vers les régions de Béjaïa, Tlemcen et en Andalousie.

Pour l'ouest de la wilaya de Bouira, des historiens animeront des conférences sur l'apport en théologie de la tribu des Taalba, dans la localité de Lakhdaria, et les travaux de Ben Djerrum en grammaire et littérature arabes. Les anciens manuscrits et archives de la région vont constituer aussi une partie des thèmes prévus pour cette manifestation, à travers l'intervention de A. M. Chikh, directeur du centre des archives nationales. La contribution des zaouïas dans la lutte de libération et la formation religieuse et théologique des enfants ainsi que le trésor culturel ancestral de la région de Kabylie, constituent pour le responsable des affaires religieuses, depuis la nuit des temps une preuve irréfutable que les populations des différentes localités n'ont à aucun moment renié leurs traditions et leur attachement à la religion musulmane et contredit les allégations faisant état d'une campagne de christianisation dans cette région. 

Musique algérienne : une richesse inépuisable

Dec 22, 2004 (La Presse/AllAfrica Global Media via COMTEX) --

Zakia Kara Terki et son orchestre à Ennejma Ezzahra

Au Palais du Baron d'Erlanger, une voix mélodieuse vient remplir les âmes de joie et de bonheur. Une voix douce et chatoyante qui a bien séduit le public venu nombreux, samedi dernier, à l'occasion de l'avant-dernier concert, dédié à la musique traditionnelle algérienne. Un concert qui entre dans le cadre du cycle de représentations organisé par le Centre des musiques arabe et méditerranéenne.

Il s'agit, en effet, de la voix de Zakia Kara Terki, qui a interprété, en première partie, la Nouba Ghrib et, en deuxième partie, un répertoire populaire ponctué d'une musique Hawzi et des rythmes Aroubi.

La passion avait sa place dans ce chant monotone, qui sonne comme une berceuse. Une passion ressentie à travers le jeu de l'orchestre qui, malgré le rythme un peu lancinant, est accentué d'une justesse et d'une rigueur épatantes. Cette même passion également présente dans le timbre de cette voix, toujours monocorde, mais animée d'une chaleur secrète.

Dans le droit fil du style algérois

Ancienne élève de maître Mustapha Belkhouja, Zakia Kara Terki, native de Tlemcen, n'a eu aucune peine à assimiler le style algérois (çan'aa). Outre la maîtrise parfaite de sa voix, qu'elle manipule avec tant de grâce et de subtilité, elle a su séduire, grâce à son impressionnante habileté et à jouer des instruments de musique traditionnelle, tels que le oud, la kouita et le r'bab. Ce soir-là, elle a été impressionnante en jouant uniquement de la kouita.

La deuxième partie était plu vivante. Normal, puisque les deux genres musicaux choisis sont conçus sur un mode plus dynamique. Le Hawzi est composé de poèmes qui décrivent la beauté de la nature et celles des femmes. Il n'est pas trop loin du style andalou, interprété tout au long de la première partie. Quelques phrases se ressemblent, surtout au début de chaque morceau. La musique, qui oscille entre le Hawzi et l'Arouibi, résonne à la fois d'une manière romantique et joyeuse, festive et apaisante, et nombreux auront été ,affalés dans leurs sièges, ceux qui ont accompagné les choeurs, en fredonnant quelques-uns des airs apparemment connus en Algérie.

Le clou de la soirée fut un bouquet de chansons de malouf tunisien qu'on estime mal placé pourtant dans ce répertoire typiquement algérien. On aurait souhaité que tout le concert soit entièrement consacré à la revalorisation de cette musique algérienne, qui se trouve aujourd'hui submergée malheureusement par le raï, symbole pour beaucoup de la musique algérienne. Mais erreur: Zakia Kara Terki et son orchestre, grâce à la virtuosité de leur programme, ont donné la preuve que la musique algérienne est d'une richesse inépuisable.

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