Presses sur Tlemcen et sa willaya
Selon le Dr Bensenouci du département d'archéologie de l'université de Tlemcen,
La recherche scientifique devra être au service du patrimoine
Dec 21, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global
Media via COMTEX) --
L'importance de la connaissance du patrimoine
culturel, selon le Dr Bensenouci Ghaouti, du département d'archéologie de
l'université de Tlemcen, pour les générations futures, fait de sa sauvegarde une
préoccupation majeure et croissante devant impliquer tous les niveaux de la
société.
Notre interlocuteur rencontré lors du colloque international
sur les méthodologies de recherche des langues et littératures qui s'est tenu la
semaine dernier à Tlemcen dira que "de cette situation naît un important besoin
de recherches fondamentales et appliquées". Ces recherches, expliquera le
scientifique, ont d'abord été menées en interface des sciences humaines ou des
sciences sociales, alors que les sciences environnementales, les sciences
physiques ou chimiques semblaient peu représentées. Or, ajoutera-t-il, "un
certain nombre de champs de recherche développés en archéologie et en histoire
de l'art font de plus en plus appel aux techniques d'analyses évoluées sur le
plan structural, mécanique ou physico-chimique". Le Dr Bensenouci soulignera que
ces techniques sont importantes pour résoudre des questions relatives à la
nature des matériaux anciens, leur origine graphique, leur conformation ou
encore les processus techniques de transformation auxquels l'homme et/ou la
nature les a soumis.
La compréhension des processus de dégradation est
indispensable pour protéger ces objets qui représentent des vestiges de notre
patrimoine, affirmera le conférencier qui ajoutera qu'un nouveau champ d'analyse
des matériaux du patrimoine est apparu depuis une dizaine d'années à partir des
relations tissées entre plusieurs sciences au sein des laboratoires directement
en contact avec les éléments archéologiques provenant des musées ou prélevés
dans leur milieu propre. Or, "pour atteindre ce niveau de complémentarité des
sciences, il devient nécessaire, voire obligatoire, en support de l'enseignement
traditionnel dispensé jusque-là dans ce domaine, de renforcer
l'interdisciplinarité de la recherche en archéologie et de développer
l'interface avec les autres sciences susceptib les d'aider à la conservation et
à la restauration de notre patrimoine culturel, puissant catalyseur pour une
future ouverture de l'université", dira le Dr Bensenouci en insistant sur
l'importance de la recherche scientifique pluridisciplinaire dans le domaine de
l'archéologie.
Qu'ils s'appellent Benseddik, Bekri, Kebiri Bouchta ou Meradji, les poètes
populaires attirent l'attention à Tlemcen
Dec 22, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
La poésie populaire a une place de choix à Tlemcen. La poésie, bien plus
que la prose, est l'expression littéraire populaire par excellence dans la
région de Tlemcen. De nombreux poètes, souvent anonymes, produisent et
versifient, même s'ils savent qu'ils ne pourront pas éditer leurs ouvrages. La
région compte des dizaines de poètes. La renommée de certains de ces poètes a
même dépassé les frontières de la wilaya, comme c'est le cas de Benseddik El
Mokhtar originaire de la région d'El Aricha que ses confrères considèrent comme
une référence et un poète des plus prolifiques. En effet, M. Benseddik ne cesse
de composer des poèmes et d'écrire tout en s'occupant de son troupeau. Le cadre
bucolique semble être sa source d'inspiration. Mais, comme le souligne Meradji
Mohamed, un autre poète de Tlemcen, les poèmes de M. Bensedidk restent peu
connus du large public. Les responsables du secteur culturel devraient penser à
donner plus d'importance à ce poète et à la diffusion de sa production, ajoutera
notre interlocuteur.
M. Meradji qui est né en 1965 est, quant à lui,
l'auteur de plus de 45 poèmes.
Inspiré par
plusieurs géants de la littérature, il a composé
ses premiers poèmes à l'âge de 18 ans.
Spécialisé dans le genre melhoune qu'il a adopté
dès ses premières années de versification, Meradji
Mohamed écrit cependant dans le genre littéraire
lorsqu'il s'agit d'exprimer ses pensées sentimentales.
Notre interlocuteur précisera
qu'il ne parvient cependant pas à éditer ses poèmes qu'il a réunis dans un
diwan. Aussi le poète défendra-t-il l'idée de création d'une association qui
rassemblerait tous les versificateurs versés dans la poésie populaire. Une telle
organisation aiderait à forcer les portes qui demeurent closes à Tlemcen devant
les artistes de ce genre dans lequel excellent même des femmes comme Nakkache
Leïla, Kebiri Soumaya. Quant à la composition d'un poème, elle est définie par
des règles. En plus d'avoir, évidemment, la forme poétique, la rime et le rythme
étant les caractéristiques principales, les oeuvres ne doivent pas être
destinées à la chanson. Les textes des poèmes sont déclamés principalement en
certaines occasions. Souvent, les poètes expriment en rimes et en vers une
opinion personnelle, qui peut devenir morale pour les autres.
Mais, bien
que la poésie populaire possède ses adeptes, elle semble être l'objet de
sarcasmes chez certains chercheurs en littérature qui l'excluent du domaine de
la poésie.
Devant le flot de produits manufacturés, la broderie menacée de disparition à
Tlemcen
Jan 09, 2005 (La
Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
"Si la tendance actuelle
continue, nous aurons bientôt tout oublié d'un héritage qui a traversé des
siècles", estiment certains brodeurs
La broderie à travers les régions
de Tlemcen a toujours été utilisée pour décorer les costumes, les robes, haïks
et autres tenues d'apparat ou de circonstances Les femmes de Beni Snous, Sabra
et Maghnia avaient des tâches dures aux champs autant qu'à domicile et,
généralement, de nombreux enfants à élever, mais elles trouvaient toujours le
moyen d'avoir le temps de broder. Lorsque la broderie d'une paysanne était bien
exécutée et incluait des motifs intéressants, son statut et son prestige parmi
les femmes du village s'amélioraient. Ainsi, la broderie était appréciée car
elle était un signe de richesse à cause des soies qui étaient coûteuses et aussi
pour des raisons esthétiques. Les techniques qui s'appliquaient à l'art de la
broderie étaient enseignées aux filles dès leur jeune âge. Aussitôt qu'une jeune
fille était en âge de tenir une aiguille, quelque fois à partir de 6 ou 7 ans,
on lui confiait un bout de tissu et des fils, puis sa mère et ses soeurs lui
apprenaient l'art de faire un point de croix net et clair et de composer les
motifs de broderie typiques au village.
Les premiers articles qu'une
jeune fille brodait entièrement étaient habituellement les costumes de son
trousseau de mariage. Les femmes attribuaient une grande importance à leur
trousseau qui était source d'une immense fierté. Celui-ci comprenait plusieurs
robes et voiles et était présenté aux femmes de la région, une fois prêt. Après
leur mariage, les femmes continuaient à broder de nouvelles robes pour remplacer
les usées ou celles qui étaient démodées parce que la mode changeait
constamment. La place de la broderie dans la vie des femmes tlemcéniennes n'a
pas complètement disparu bien qu'elle se soit modifiée. Les villageoises ne
brodent plus leurs costumes, et cet artisanat s'est transformé en travail
informel, car broder une robe rapporte gros. Pourtant, la broderie existe depuis
une époque très reculée. La broderie, grande tradition séculaire, nous met en
face d'indices passionnants de la vie passée. Les ouvrages créés durant des
générations en éclairent plus d'un sur la vie d'antan. Les motifs, les costumes
et les techniques de production nous indiquent d'une bien belle manière comment
vivaient nos aînés.
Les différents aspects de la vie de tous les jours
sont "racontés" sur des étoffes délicates, parfaits indices du potentiel
imaginatif et créatif qui sont un témoignage de savoir-faire, indissociable de
la maîtrise des matériaux au service de la grâce. L'utilisation de la laine, de
la soie, du lin ou bien du coton est universelle, de même pour le choix de
certains points comme le point de chaînette et de croix que l'on retrouve dans
le monde. La tradition de la région de Tlemcen, très ancienne et très réputée,
de la broderie est en train de disparaître. Ces vieilles brodeuses sont une
espèce en voie de disparition, aucune jeune ne veut suivre leurs traces, car il
n'y a pas d'argent à se faire. La broderie est au bout du rouleau. Les
fabricants de costumes traditionnels, de moins en moins nombreux, voient leur
gagne-pain leur échapper à cause des copies illégales à bon marché et un manque
de soutien de la part des pouvoirs publics.
Le résultat est que cette
industrie est boudée par les jeunes artisans qui ne voient plus dans cet art
autrefois très prisé une façon de gagner leur vie. Le flot de copies bon marché
a provoqué une chute de la demande pour les costumes traditionnels authentiques
faits à la main et une réduction du nombre d'artisans. On ne vend plus autant
qu'autrefois. "Si la tendance actuelle continue, nous aurons bientôt tout oublié
d'un héritage qui a traversé des siècles", estiment certains brodeurs.
Autrefois, note-t-on, les jeunes filles de différentes régions de la wilaya se
mariaient en portant des robes faites selon un modèle centenaire propre à leur
région, mais peu de mariées aujourd'hui acceptent d'en porter une aujourd'hui.
Elles optent pour la robe de mariée à l'occidentale, qu'elles peuvent louer dans
les innombrables boutiques.
En attendant de bénéficier d'une opération de restauration, la médina de Tlemcen
sera classée patrimoine mondial
Jan
10, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Une bonne
nouvelle pour la vieille médina de Tlemcen : l'Unesco est disposée à l'inscrire
prochainement "patrimoine mondial", selon une responsable du ministère de la
Culture qui a livré cette information lors de la visite, jeudi dernier, du
directeur général de l'Unesco, M. Koicheiro Matsuura, à Tlemcen.
De
l'avis de tous, pouvoirs publics, défenseurs du patrimoine et citoyens, c'est ce
qui pouvait arriver de mieux à cette médina qui, sept siècles durant, a
accueilli les différentes dynasties musulmanes ayant rayonné sur la région et le
Maghreb pour finir, aujourd'hui, comme une relique luttant pour sa survie. Il
est vrai que tout le monde s'est, d'une manière ou d'une autre, inquiété ou
occupé de la sauvegarde de cette ancienne cité. Mais, les différentes actions
initiées aussi bien par les citoyens que les associations ou les autorités
locales se sont souvent révélées insuffisantes, quand elles n'étaient pas
inadaptées. L'extension, parfois anarchique, du tissu urbain de Tlemcen, dû
essentiellement aux mouvements d'exode des populations vers les périphéries de
la ville, a fini par "étouffer" la médina qui gardait cependant son statut de
"coeur battant" de la cité. Les Tlemcéniens sont, en effet, restés attachés à la
médina qui est ainsi restée économiquement entreprenante avec des activités
commerciales et culturelles des plus intenses.
Ses ruelles, ses places
publiques, ses terrasses de café et ses jardins, pullulent de monde, habitants
et visiteurs qui ne peuvent manquer de faire un crochet dans cette ruche active.
Mais le passage du temps a laissé des traces sur les vieux bâtiments et les
constructions. L'action conjuguée des éléments et de l'homme a fragilisé le bâti
de la médina et sa fonctionnalité a freiné les tentatives de restauration ou de
confortement. Comme pour la Casbah d'Alger et toutes les autres casbahs et
médinas, les habitants de la vieille ville de Tlemcen refusent de quitter leurs
maisons, même s'ils se savent incapables d'assumer leur restauration et la
facture des travaux spécialisés. Aussi se contentent-ils d'effectuer, au besoin,
quelques "replâtrages", mais sans prendre la peine d'utiliser les matériaux
originels. Résultat, le vieux bâti perd son cachet d'authenticité pour prendre
l'apparence du neuf, sans pour autant être à l'abri d'un effondrement dont le
danger pèse autant sur le bâti que sur les personnes y habitant.
Les
autorités locales, quant à elles, ne pouvant prendre en charge les lourds
chantiers de restauration qui nécessitent de l'argent et un encadrement
spécialisé, inexistant, ont non seulement laissé faire, mais elles ont même osé
programmer la construction d'un centre commercial sur le flanc nord du quartier
Bab Zir. Erigé sur un terrain récupéré de démolitions accidentelles d'un pan de
la médina, le bâtiment tranchait par son architecture avec le site patrimonial
de la médina et foulait aux pieds l'interdiction faite de construire un édifice
pour altérer ou cacher le cadre architectural d'un site. Pis, on a même prévu un
projet similaire sur la place de "R'hiba", en plein coeur de la médina. Et c'est
la réaction des riverains qui avait contraint les pouvoirs publics à renoncer à
leur projet de destruction. Cette manière de "restaurer" et le laisser-faire des
autorités locales n'ont évidemment pas manqué de faire réagir urbanistes et
défenseurs du patrimoine qui insistent sur la nécessité d'une approche globale
de la problématique de sauvegarde et de réhabilitation du patrimoine culturel.
"En dehors d'une démarche concertée avec les occupants, toute action de
préservation de la médina serait vaine", dira un urbaniste cité par l'APS.
C'est à ce titre que l'inscription de la médina sur la liste du
patrimoine mondial est prometteuse. Car, avec ce statut, les autorités locales
pourront prétendre à une aide internationale pour l'élaboration d'une étude
pointue pour la restauration du site et les défenseurs du patrimoine auront un
soutien appréciable pour toutes leurs actions de protection et de sauvegarde.
La Tijania, voie spirituelle et sociale
Jun
22, 2004 (Le Soleil/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Elle aura été
un bouclier contre le déchiquetage des dogmes de l'islam dans la sous-région par
le colon. Elle se révèle ainsi comme sauvegarde du credo de la masse musulmane
menacée par les intrigues du colonialisme.
L'adepte Tijani africain
reçoit, certes, de son moqaddem, un chapelet, symbole d'une double lutte,
contre, d'une part, les mauvais penchants de l'âme corrompue et, d'autre part,
contre l'occupation de l'Afrique par la France et ses acolytes. Faisant de
l'initié un combattant en quête d'une saine et sereine liberté, qui lui permet
de mener un train de vie idéal sur le double plan spirituel et somato-psychique.
Selon les témoignages, le Cheikh Sidi Ahmed Tijani exige de son adepte de ne
voir en lui qu'un guide. Il taxe de mécréants tous ceux qui viennent se
prosterner devant son tombeau où y immolent, en sacrifice, des ovins ou bovins.
Cheikhna Ahmed Tijani
Sidi Ahmed est né à Aïn Maadi, en l'an
1150 de l'hégire. Maints poèmes furent composés pour commémorer cette naissance.
Son père, Sidi Mohammed Ben el Mokhtar Ben Ahmed Ben Mohammed Ben Salem était
d'une vaste érudition. Sa mère est la fille de Mohammed Ben Sanoussi. Les deux
furent atteints de la peste et moururent le même jour, en 1166 h. les membres de
cette noble famille furent, pour la plupart, d'éminents polyvalents, notamment
dans les sciences islamiques. Son neveu maternel Abdellah el Maadâwy, réputé par
ses connaissances générales, principalement dans les sciences mathématiques,
fut, comme les autres, un grand soufi. Le jeune Ahmed eut l'heur de vivre toute
la fleur de son âge, dans l'ambiance saharienne de ce groupe harmonieux, élevé
dans le cadre d'un pur sounnisme. Dès son premier septennat, il apprit tout le
Coran par coeur, les recueils didactiques, pour devenir, dès la fin de sa
deuxième décennie, un grand Alem, juriste et homme de lettres. Les gens
affluaient, de toutes parts pour le consulter et profiter de sa double culture,
à la fois exotérique et ésotérique. À peine âgé de seize ans, le jeune Tijani
avait accédé au rang de mufti, non seulement sur le plan de la Charia, en tant
que jurisconsulte, mais dans le forum plénier des sciences et arts islamiques où
il excellait. Les cours qu'il donnait dans les mosquées, les controverses qu'il
animait avec l'élite intellectuelle de ses contemporains, proéminents dans leur
spécialité, lui assurent une large suprématie, sur le plan exotérique. Son
critère foncier, qui le distinguait et le marquait dans la fleur de son
adolescence, fut son attachement indélébile à un sunnisme authentique. Il fit un
pèlerinage à la Mecque, où il arriva juste après le mois de Ramadan de l'an 1187
de l'ère hégirienne. C'est là qu'il rencontra le Grand Cheikh, l'Indien Ahmed
Ben Abdellah. Puis il se rendit à Médine. Son retour à Tlemcen, en 1188h,
couronna donc, tout un processus miraculeux de manifestations théophaniques.
C'est là qu'il a pu rencontrer son premier disciple, Sid Mohammed Ben Mohammed
El Mechry de Tekret, (région de Constantine). Après un long séjour à Tlemcen, il
reprit en 1191h, le chemin à Fès, aspirant ardemment, à un recueillement intime
auprès de l'illustre Qotb Moulay Idriss à Fès. Il rencontra alors à Oujda, son
deuxième disciple, Sidi Ali Harazem, futur auteur de Jawahir el Maâny (Perles
des Idées). Cet ouvrage, élaboré sur ordre du Cheikh, est devenu le compendium
de la Tariqa et de la Haqiqa, dicté, dans sa majeure partie, par le promoteur de
la Tijania.
Fès, ultime demeure du Cheikh Tijani
Après un
périple, entre Abi Samghoûn, au Sahara Oriental et Tlemcen, le Cheikh Sidi Ahmed
s'installa à Fès, sa demeure préférée, en l'an 1213h / 1798 ap.J. Son influence
grandissante à Aïn Maâdi et au Sahara, inquiétait le Gouvernement Turc qui alla
jusqu'à imposer un tribut annuel à Aïn Maâdi, en 1199 h / 1785 ap.J. La capitale
Idrisside était alors le Centre d'épanouissement de l'Afrique (1). Son
rayonnement est étayé par la grande Université de la Qaraouyène, édifiée en l'an
245h / 859 ap.J., bien avant l'Université de l'Azhar au Caire 359 h / 969 ap.J.
; Fès, étant le Centre africain optimal où s'accomplit la symbiose de la science
de la Cité tunisienne de Qaïraouân et de celle de Cordoue, capitale de
l'Andalousie omeyyade, à la suite de l'immigration à Fès de centaines de
familles des deux capitales de l'Occident musulman. C'est " la Baghdad du
Maghreb. " La nouvelle Tariqa Tijania, ainsi dépouillée de toute fissure
hérétique, finit par avoir un grand impact. De hautes responsabilités
accoururent de toute l'Afrique, attirées par l'éclat du célèbre réformateur dont
l'avènement fut une réplique vivante au mouvement wahhabite naissant.
Expansion de la tariqa tijani en Afrique de l'Ouest
Après la
mort du Cheikh Tijani en l'an 1230h / 1814 ap.J. et du Sultan, le fils aîné du
Cheikh, Sidi Mohammed el Kébir poursuivit l'oeuvre. En Afrique occidentale, Omar
el Fouty Tall (né à Podor en 1212h /1797 ap.J.) intégra la Tariqa Tijania, en
1249h / 1833 ap.J., par l'intermédiaire du Moqaddem fassi Sidi Mohammed el Ghali
Boutaleb, qu'il fréquenta aux Lieux Saints, durant trois ans. Son premier geste,
suite à cet engagement, fut le renforcement de son sultanat, sur les nègres
fétichistes et animistes, dont une bonne partie finit par adopter l'Islam. Il
s'attaqua, ensuite, à l'occupant français Faidherbe (1854-1865). La colonisation
française débuta au XVII ème siècle, par la fondation de Saint-Louis, base de
l'expansion de la France, en Afrique occidentale. La Tariqa se propagea alors au
Niger, Mali et Sénégal, grâce à Omar el Fouti, doublement investi, en tant que
Mourid Tijani, par le Cheikh Mohammed el Ghâli Boutaleb, et, avant lui, son
premier maître Abdelkarim du Fouta. Successeur d'un disciple fassi direct du
Cheikh Si Ahmed Tijani, bien en vue et un de ses éminents khalifes, le Cheikh
Omar el Fouti devint le Khalife de la Tariqa en Afrique Noire. Son livre "
er-Rimah " (les lances), qualifié par Sidi Larbi Ben Sayah de compendium de
science, est un recueil d'enseignements exhaustifs sur le Soufisme Sounni, dont
il prêchait les concepts en Afrique Subsaharienne.
Les bases de la
tariqa tijani
L'Ihsân est
la troisième phase, dans le processus des piliers originels de
l'Islam. " C'est - précise le Hadith - adorer Dieu comme si tu
Le voyais, et si tu ne Le vois pas, Lui sûrement te voit "
(Boukhari ). La Tariqa, c'est l'application de l'Ihsân, dans son
contexte introspectif, où la conscience se reflète dans
son propre miroir ; c'est le coeur épuré de
l'initié sur lequel se projette la luminescence divine ; "
Craignez - dit le Prophète - la vision intuitive du croyant, qui
perçoit par la Lumière d'Allah. " Les vertus spirituelles
qui constituent le substrat de la Sounna, sont les moyens
d'accès à cette luminance. C'est grâce à la
concentration dans une sincère adoration, que le croyant
accompli, devient l'image de Dieu, le Vivant et le Pourvoyeur.
L'humilité, l'Ikhlâs (sincérité), la
charité et l'altruisme sont l'assise foncière de toute
initiation où le Cheikh soufi n'est qu'un guide qui oriente, qui
exhorte le Mourid à imiter étroitement la tradition du
Prophète. L'exemple sublime de l'Envoyé d'Allah demeure
le critère unique de l'attrait théophanique
irrésistible, qui doit immanquablement s'exercer, au sein du
forum dépuré d'un ordre confrérique,
édifié sur autorisation formelle mohammadienne. Le Beau
et le Vrai sont les traits caractéristiques du
Béhaviorisme Tijani, qui assurent à l'adepte
sincère un retour inopiné à sa dignité
originelle. La liberté individuelle de l'initié est
dépourvue, alors, de toute maîtrise, autre que celle
d'Allah. Les droits de l'homme se dégagent, ainsi,
péremptoirement, de tout impact esclavagiste où la
vassalité est l'exclusif du Haut Seigneur. Le Cheikh
répétait souvent, comme condition sine qua non de toute
adhérence à la Tariqa, la conviction que le Maître
Initiatique n'est que l'esclave de la Présence et que le Mourid
ne doit, guère, avoir en vue un autre que l'Unique Pourvoyeur.
Il doit éliminer, dans son subconscient, tout tiers, autre
qu'Allah ; le Cheikh n'est qu'un serviteur intermédiaire, en
esclave élu. À l'image du Messager d'Allah, Sidina
Mohammed (PSL), le Cheikh Tijani, n'a cessé d'orienter le
comportement de ses adeptes, en vue d'une parfaite adaptabilité
à l'Ordre divin synthétisé dans la charia. Cette
conformation à la Sounna se cristallise par la
créativité et la concentration du coeur de
l'initié, de toute sa volonté et son attachement à
Dieu et à Dieu Seul. Le Coran définit ce raffinement
subtil qui ne saurait souffrir ni déviation, ni fluctuation
élusive, éloignant le croyant du forum de la loi divine.
Les Zikrs de la Tariqa comportent essentiellement, deux " Wirds "
quotidiens et une " Wadhifa ", récitée par groupe, sauf
dérogation majeure. Ils sont ou extraits du Coran ou
recommandés par un hadith authentique. Les trois litanies de
base sont : l'imploration du pardon d'Allah (Istighfâr), la
bénédiction du Prophète (çalât), de
préférence la " Fatihi", la haïlala ,
récitation de la profession de foi ( La ilâha Illa Allah).
C'est en fait, conséquemment à cet attachement
indélébile à la loi coranique que l'adepte Tijani,
en tant que croyant sincère, espère un agrément
sublime d'Allah. Le code Tijani est le sounnisme où le cultuel
n'élimine guère un travail effectif et assidu, pour le
bien de la société ; tout citoyen initié ou autre
doit participer à l'oeuvre collective de la communauté.
(Source
Internet : www.abdelaziz-benabdellah.org/sidicheikh.html Abdelaziz Benabdellah,
La Tijania : Ordre socio-culturo-culturelLa Tijania, Voie Spirituelle et Sociale
)
Les richesses patrimoniales sont toujours menacées de disparition
Apr 21, 2004 (La Tribune/AllAfrica Global Media via
COMTEX) --
Le patrimoine, entre triste réalité et belles promesses
"Ce ne sont pas les expositions et la musique qui protégeront le
patrimoine. S'il n'y a pas une véritable prise en charge des sites
archéologiques et historiques et du patrimoine immatériel, viendra un jour où il
n'y aura plus rien à célébrer !" dira un archéologue
Comme chaque année,
le mois du patrimoine est célébré en Algérie à partir du 18 avril, coïncidant
avec la Journée mondiale du patrimoine, et s'achève le 18 mai, Journée mondiale
des musées. Des programmes à profusion accueillent cet événement sous forme,
entre autres, de discours répétitifs ponctués de décisions et promesses,
rarement tenues, pour sauver ce qui reste du patrimoine matériel et immatériel
de notre pays.
Chaque année, avant, pendant ou après la célébration en
grande pompe du mois du patrimoine, les effondrements de bâtisses anciennes ou
les disparitions de vestiges se poursuivent loin de tout battage médiatique. La
Casbah est à ce titre un exemple parmi tant d'autres. Il est vrai que la
ministre de la Culture a rappelé l'engagement du président de la République de
financer la restauration de la Casbah avec l'attribution d'une enveloppe d'un
milliard dégagée à cet effet. Mais plusieurs spécialistes dans le domaine du
patrimoine affirment qu'il est déjà "trop tard pour la Casbah de retrouver son
allure d'antan".
Ce joyau de l'architecture qui a inspiré tant de poètes
et de peintres algériens et étrangers est terni, sali et livré aux vicissitudes
du temps. Les décrets d'application de la loi 98/04 adoptés par le gouvernement
expriment, certes, la volonté de prendre en charge des legs civilisationnels et
constituent un pas en avant. Mais ce n'est là qu'un pas sur un chemin encore
long. Les mesures concernant la mise en place d'une stratégie globale
d'inventaire et de classification générale du patrimoine culturel ainsi que la
réorganisation de l'habitat et des plans d'occupation du sol ne peuvent être
considérées que comme autant d'avancées dans le domaine de la préservation du
patrimoine. Mais, il s'agit aussi de rattraper ce qui a déjà été fait. La
construction d'un parking à étages à proximité de la vieille mosquée sur la
place des Martyrs, à Alger, est un exemple d'interdit à réparer.
De
même, on ne peut qu'applaudir à l'engagement du chef du gouvernement de fournir
les moyens nécessaires à la protection des parcs du Tassili N'addjer et de
l'Ahaggar ainsi que les projets de création de deux parcs naturels dans la
wilaya d'Adrar et dans l'Atlas saharien. Il reste maintenant à doter les
gardiens des parcs et les directions de la protection des patrimoines naturels
de moyens juridiques qui leur permettraient de combattre le braconnage et de
s'opposer à ces battues d'extermination qui visent des espèces protégées ou des
vestiges. Autre avancée qui en appelle à la continuité : la création de deux
centres nationaux, le premier pour le patrimoine immatériel baptisé du nom d'El
Hadj M'hamed El Anka, dont les travaux de réalisation sont lancés dans la villa
Mahieddine et le deuxième, dans la villa Abdellatif, pour les recherches dans
les arts plastiques.
Les deux centres ne peuvent exister en dehors d'une
filière intégrant la production, la promotion et la diffusion, trois segments
qui ont besoin d'un sérieux réaménagement. Ainsi, on arrive à la conclusion que
ces décisions officielles fort prometteuses n'empêchent cependant pas la
détérioration et la disparition d'un bon nombre de valeurs et d'objets
patrimoniaux. Car, sur le terrain, peu de choses sont réalisées dans ce sens.
Généralement, les autorités concernées se contentent d'inviter les directions
des musées, les responsables locaux, les directeurs de la culture et les
responsables des agences archéologiques à élaborer des manifestations
culturelles pour célébrer le mois du patrimoine ou proposer, encore une fois,
des solutions pour la réhabilitation et la restauration des sites qui souvent
iront grossir la pile de dossiers constitués au fil des années et des "mois du
patrimoine" précédents. Ou encore, les responsables lancent quelques
instructions de prises en charge de certaines opérations de restauration qui
tenteront de récupérer ce qui est encore récupérable.
A Tlemcen par
exemple, le coup d'envoi du mois du patrimoine est lancé par l'organisation
d'une soirée musicale andalouse à la citadelle d'El Mechouar, un site qui,
malgré les différentes opérations de restauration, n'arrivent pas encore à
retrouver son lustre d'antan. Au programme, des portes ouvertes sur les
monuments et sites historiques, des expositions photos et des visites guidées.
Côté prises en charge, les services du patrimoine à la direction de la culture
ont programmé pour ce mois à Honaine l'entame des travaux d'entretien et de
délimitation des zones de fouilles. En outre, ils ont convié les universitaires
du département d'archéologie de l'université de Tlemcen à participer à
l'inventaire des matériaux archéologiques et à la réflexion sur la création d'un
embryon de musée local.A Constantine, des journées portes ouvertes sur le musée
Cirta inaugurent le mois du patrimoine. Des expositions de livres et de photos
sur les vestiges archéologiques et de sites historiques, dont celle organisée
dans la wilaya d'Illizi sur les traditions aux XIXe et XXe siècles, projection
de films, conférences-débats et visites guidées sur les sites historiques
forment l'essentiel du programme.
Le mois du patrimoine est en fait une
occasion de voir ce qui a été fait et ce qui reste à faire. Mais on ne peut
éternellement se contenter de constats qui nous diront chaque année que la
situation n'est guère reluisante et que, par rapport à l'année précédente,
l'Algérie a encore cédé à l'oubli une partie de son patrimoine.
Le docteur en archéologie Bensnouci El Ghouti affirme : "Il faut réinsérer les
ensembles urbains anciens dans la vie
Jan 26, 2006 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX)
--
L'environnement général actuel se manifestant de plus en plus par une
désensibilisation vis-à-vis du patrimoine historique, il convient de porter les
efforts sur un ensemble d'activités coordonnées sur le plan socioéconomique,
architectural et urbanistique. Bensnouci El Ghouti, docteur en archéologie et
chercheur au département d'archéologie de l'université de Tlemcen, nous parle de
ce que devraient être la ville, le patrimoine et l'urbanisme.
Que
diriez-vous de Tlemcen, sanctuaire de l'histoire ?
C'est à travers les
oeuvres de ses artistes, de ses architectes, de ses musiciens, de ses écrivains,
de ses savants, mais aussi à travers toutes les créations anonymes,
intellectuelles ou matérielles, surgies de l'âme populaire, comme à travers
l'ensemble des valeurs qui donnent un sens à la vie, que nous avons appris à
percevoir notre épaisseur culturelle, que nous avons appris à percevoir et à
aimer la culture des autres et surtout que nous avons compris que l'identité
n'est pas le processus par lequel on est, mais celui par lequel on devient.
Par ses vestiges des siècles obscurs qui avaient précédé l'Islam, par
ses monuments de l'époque médiévale dont la richesse artistique fait de Tlemcen
l'une des cimes suprêmes de l'art hispano-mauresque, par la mémoire de ses
habitants dont les origines remontent du fond des âges, l'histoire de la ville
de Tlemcen plonge dans un passé fabuleux et vénérable où les "humanités"
semblent avoir erré à travers tous les mondes extérieurs pour atteindre, enfin,
au tabernacle intime. Ibn Khaldoun Abd el Rahmane, connu pour sa rigueur
critique et la sagesse de son oeil, cite, non sans en exprimer le doute, ces
propos qu'il attribue aux Tlemcéniens de son époque : "Notre ville est d'une
haute antiquité, car on voit encore, dans le quartier d'Agadir, la muraille dont
il est question dans le chapitre du Coran qui renferme l'histoire d'El Khidr et
de Moïse". Cette assertion, plutôt proche de l'allégorie mythique, même si elle
procédait de la singulière volonté des citadins à exalter leur ci té natale,
témoigne, s'il en faut, de l'incontestable antiquité de la ville de Tlemcen et
de l'importance de sa destinée.
A vrai dire, il est à craindre pour qui
visitera Tlemcen, aujourd'hui, qu'il ressente quelque humeur à vouloir
confronter la réalité présente avec celle que colore le reflet des livres des
chroniqueurs, desgéographes ou des hagiographes.
Est-ce à dire que la
ville d'aujourd'hui a fini par phagocyter la cité d'antan ?
En effet,
Tlemcen est une agglomération de type urbain qui grossit très vite, mais elle
grossit, fort malheureusement, aux dépens des biens de la culture. Comme les
"villes d'antan", elle n'a pu échapper au phénomène de l'explosion urbaine et
les conséquences d'une telle évolution sur les vestiges de l'ancienne et
prestigieuse capitale des Zianides sont incalculables et, le plus souvent,
irrémédiables. Sa puissante croissance démographique s'est soldée par une
expansion prodigieuse et la mutilation d'une "cité historique" qui a
certainement joué le rôle le plus décisif dans l'affirmation de l'identité du
Maghreb central, en préfigurant l'Algérie moderne.
A-t-on pensé à
sauvegarder ce patrimoine ?
Devant ce phénomène alarmant, des
responsables s'efforcent de trouver des formules capables d'enrayer cette
croissance extraordinaire en inscrivant dans leurs priorités des opérations
d'aménagement dont le but est d'adapter aux exigences de la vie moderne les
structures de la vieille ville, tout en tentant de sauvegarder ce qui reste des
biens culturels par le choix d'instruments techniques et juridiques susceptibles
d'assurer la pérennité des ensembles à conserver. Ils tentent, ce faisant, de
mettre à contribution l'ensemble des actants potentiels, notamment
universitaires à une prise en charge rigoureuse et efficiente de ces biens
culturels en essayant de sauvegarder tout autant l'oeuvre d'art que le témoin de
l'histoire. Il faut préciser que, jusque-là, l'effort s'était concrétisé par des
opérations ponctuelles et sporadiques dont le but était de garantir la stabilité
de monuments en décrépitude avancée et de tenter de leur rendre la résistance et
la longévité qui leur ont été enlevées par les infirmités ou les dégradations.
Quels sont les résultats ?
Fort malheureusement, nombre de ces
opérations, qui se voulaient pourtant conservatoires mais qui mal conçues et
ignorantes d'un savoir-faire et de cette restauration critique qui se fonde sur
le respect de la substance des valeurs esthétiques et historiques du monument et
favorise son affectation à une fonction utile à la société, ces opérations,
dis-je, ont eu un effet inverse de celui recherché. Elles ont, parfois, dénaturé
l'édifice, rompu l'équilibre de sa composition avec son cadre traditionnel et,
surtout, altéré ses relations avec le milieu environnant, ce qui risque en tout
état de cause de détourner les chercheurs de la réalité historique et de
constituer une falsification de notre mémoire tangible.
Quel avenir pour
les sites et monuments à Tlemcen ?
Convaincus de la responsabilité
morale et culturelle qu'engendre toute action de restauration dont le but vise à
conserver l'efficience de l'oeuvre monumentale (dans l'acception la plus large
de ce terme) et à en faciliter la lecture par les générations futures sans
jamais les induire en erreur, et, surtout, convaincus de la nécessité d'acquérir
un savoir-faire façonné à travers le monde, dans des entreprises de longue
haleine, aux multiples aspects, qui font appel à toutes les disciplines et qui
cherchent davantage aujourd'hui à réinsérer les ensembles urbains ou
architecturaux anciens -chaque fois que cela est possible- dans la vie
contemporaine, nous essayons, autant que faire se peut et dans une conjugaison
dynamique des efforts d'instances officielles (comme l'université, la wilaya ou
les APC) ou de formations citoyennes (comme les associations culturelles et
scientifiques), de mener une série d'actions d'informations destinées à
sensibiliser l'opinion nationale à une né cessaire prise en compte de la
dimension culturelle du développement.
Peut-on avoir une idée sur les
indices d'un substrat spatial ?
La lecture de l'espace urbain de la
ville de Tlemcen, dans ses différentes composantes, permet de relever une
certaine dichotomie entre une structure traditionnelle (la Médina) répondant à
une fonction spécifique et une structure récente à vocation résidentielle et de
service. La coexistence de ces deux entités urbaines a pour principale
caractéristique une rupture dans la forme d'appropriation de l'espace, et le
schéma de structure tel qu'adopté par les plans d'urbanisme récents qui n'ont
fait qu'accentuer cette dualité urbaine qui s'est traduite par des ensembles
urbains désarticulés sur le plan fonctionnel et formel.
Que peut-t-on
dire de la richesse patrimoniale de Tlemcen ?
Tlemcen (mais en fait
toute la région de Tlemcen) est un grand musée ouvert : elle concentre 75% du
patrimoine monumental arabo-musulman de l'Algérie et son registre demeure très
varié ; ce dernier se compose de quelques 40 mosquées, de plus de 16 mausolées,
de médinas, de qasbas, de qalaas, d'ouvrages hydrauliques, de hammams, de
remparts, de relais, mais encore de vestiges remontant à la préhistoire (la
Mouilah prés de Maghnia), ou à la protohistoire (périodes berbères et
carthaginoises), et à l'occupation romaine (Altava et Tepidea). Ce sanctuaire de
l'histoire, quand il n'est pas simplement à l'abandon, reste insuffisamment pris
en charge et la circonscription archéologique, en dépit de ses efforts, a
atteint les limites de ses possibilités dans ce domaine. Ainsi, le rapport de la
commission initiée par le wali au mois d'octobre 2005, en vue de parfaire et
compléter l'inventaire des sites et monuments historiques et d'en dresser un
état des lieux, a montré que la question du classement est loin d'être
exhaustive et donc représentative de l'ensemble des biens culturels de cette
partie du pays.
Ce rapport mentionne que le nombre de sites et monuments
historiques qui y sont classés s'élève à 47 seulement alors que le nombre des
biens immobiliers présentant un intérêt national du point de vue de l'histoire,
de l'art, de l'archéologie, de la science, de la religion ou des techniques et
qui ne sont même pas recensés, reste impressionnant (la commune de Tlemcen en
compte, à elle seule, plus de 76). Il faut noter à ce sujet que sur les 47 sites
et monuments historiques classés, 43 l'ont été entre les années 1900 et 1953
(c'est-à-dire à l'époque coloniale) et qu'il a fallu attendre l'année 1994 pour
enregistrer le classement des 4 autres. Je note, là encore, que les effets
réglementaires qui suivent normalement toute opération de classement ou
proposition de classement ou même la simple inscription sur l'inventaire
supplémentaire n'ont presque jamais été respectés et qu'au niveau des services
concernés beaucoup de dossiers sont incomplets ou ont singulièrement disparu.
Est-ce que le rapport signale d'autres anomalies ?
Le rapport de
la commission fait état également de dégradation avancée de monuments et de
quartiers traditionnels et insiste sur l'urgence d'ériger en secteurs
sauvegardés certains ensembles urbains ou ruraux caractérisés par leur
prédominance de zone d'habitat et, qui, par leur homogénéité et leur unité
architecturale et esthétique, présentent un intérêt historique et artistique de
nature à en justifier la protection, la restauration, la réhabilitation et la
mise en valeur.
Les sites et monuments historiques, comme tous les
ouvrages naturels et humains, évoluent avec le temps du fait de l'action des
éléments naturels ou de l'activité anthropique. Ainsi, depuis la tenue des
premiers et lointains colloques qui ont concerné la question de la préservation
du patrimoine bâti à Tlemcen, beaucoup de monuments qui étaient une partie de
nous-mêmes, ont cessé d'exister, achevés par la vétusté ou par l'ingratitude
d'esprits incultes.
Beni Snous : les échos de la vallée amazighe
Nov 20, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Beni Snous, daïra située dans la wilaya de Tlemcen et comptant trois
communes, à savoir Beni Snous, Beni Bahdel, et Azails, a sacrifié un tiers de sa
population durant la guerre de libération. Commune aux 1 000 chouhada, elle a
également perdu plusieurs de ses fils durant la décennie noire, ceci sans parler
des infrastructures saccagées. Tournant le dos à ce passé fait de morts et de
malheurs, elle cherche aujourd'hui les moyens de se hisser vers le stade de
développement.
Cette vallée amazighe ne cesse de lancer des appels pour
une prise en charge des préoccupations des citoyens et dont le niveau de vie
laisse vraiment à désirer.
Chef-lieu de daïra, cette commune comptant
quelque 7 000 âmes ne dispose d'aucune structure de santé. Ses habitants sont
souvent obligés de se déplacer vers les communes voisines pour se faire soigner.
Il s'agit donc d'une commune terriblement oubliée de Tlemcen, et de nombreuses
populations souffrent de cette situation. "Il n'y a même pas de perspective de
tirer cette commune de l'ombre", déclarent les citoyens, au regard de l'énorme
retard de certains projets.
L'obstacle majeur pour le développement de
cette commune est, avant tout, son relief accidenté et difficile d'accès. Aucun
projet n'a de chance d'être concrétisé sur un site aussi tourmenté.
Recroquevillée sur elle-même, inéligible au développement à cause de son relief,
la vallée amazighe est apparemment condamnée sans susciter d'émoi chez les
politiciens.
En attendant, les populations vivent dans l'espoir de
bénéficier de la future affectation de projets concernant le raccordement des
foyers en AEP, le logement et l'électrification
Pourtant Beni Snous est
connue pour son patrimoine riche et varié. Pour éviter la disparition de
certaines traditions, l'appel a été lancé pour revaloriser l'artisanat, jadis
prospérité de toute la vallée des monts verts de Beni Snous. Le tourisme
culturel doit être développé pour permettre de revisiter le passé prestigieux
depuis l'invasion de Chachnak, en collaborant avec d'autres organismes afin
d'établir des normes pour la conservation du patrimoine et en tirer un bénéfice
durable. C'est là l'unique satisfaction des hommes de culture de la région, et
particulièrement des jeunes qui font de la protection et de la conservation du
patrimoine culturel et naturel une priorité. Le tourisme culturel reste donc un
enjeu intéressant dans cette région qui ne cesse de souffrir sur tous les plans,
indique un élu. "Le tourisme peut contribuer de façon significative à la
prospérité économique d'une région et favoriser la reconnaissance de son
patrimoine culturel, à même de créer des emplois", dira-t-il.
Et comme
les patrimoines culturels et naturels constituent un élément d'identité et de
différenciation, étant donné qu'ils sont à la fois un instrument de découverte
et de compréhension mutuelle pour les communautés culturelles. Les responsables
de cette localité oubliée souhaitent la création d'un centre d'artisanat,
surtout si l'on sait que Beni Snous est réputée pour la fabrication de h'ssira,
poterie, tapis, etc. D'ailleurs, il importe de souligner que le taux de chômage
enregistré dans la région nécessite l'intervention de l'Etat pour résorber ce
phénomène qui pousse certains jeunes à la délinquance et la contrebande.
La pauvreté n'a laissé aucune chance à des dizaines de familles. La
promotion de la femme rurale est une nécessité absolue. Les échos de la vallée
de Beni Snous ne cesseront pas de retentir et cela aussi longtemps qu'une
attention particulière ne leur est pas accordée.
Courses : le cheval au Maghreb à l'époque médiévale
Jan 23, 2005 (La Presse/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Malgré la rareté des documents, nous devinons que le cheval a joué un rôle
important dans l'économie, la vie militaire et la vie politique et sociale du
Maghreb médiéval.
Si la production est difficile à évaluer avec exactitude, elle doit être
considérable, étant donné les différents usages du cheval, en particulier
l'usage militaire dans la cavalerie, et l'usage comme monture de prestige parmi
les couches sociales les plus élevées, proches des pouvoirs centraux ou locaux,
et en milieu tribal.
Les chevaux que l'on pouvait trouver au Maghreb appartenaient à deux types
différents, proches du cheval barbe, propre à l'Afrique du Nord, et du cheval
arabe. Tous les deux étaient d'excellents chevaux de selle, vifs, rapides et
résistants, aptes à une manoeuvre souple et des voltes brusques. Sans jamais les
ferrer, on les montait "à la genette", avec selle haute et étriers courts.
Grâce aux témoignages des historiens, notamment Ibn Fadhl Allah Al-Umari et
Ibn Khaldoun, nous pouvons reconstituer un tableau assez précis des usages
militaires et sociopolitiques des chevaux dans les trois pays du Maghreb au XIVe
siècle, et avoir un aperçu du rôle qu'ils ont joué dans les échanges
diplomatiques et commerciaux.
Dans les armées, la place de la cavalerie était prépondérante dans les
combats, et celle-ci était considérée comme le corps le plus noble. L'armée
régulière comportait généralement un corps de cavalerie musulmane et un corps de
cavalerie composé de mercenaires étrangers, souvent chrétiens ou renégats. Les
chevaux étaient également utilisés dans la milice et les gardes rapprochées des
souverains et des chefs locaux. De même, les chefs de la plupart des contingents
fournis par les tribus étaient montés.
D'après les témoignages d'Ibn Fadhl Al-Umari, l'Ifriqiya (l'actuelle
Tunisie et une partie de l'actuelle Algérie jusqu'à Bejaïa), au début du XIVe
siècle, pouvait aligner un corps d'environ dix mille cavaliers, pendant qu'à la
même époque, le royaume de Fès pouvait en aligner plus de quarante mille, sans
compter ceux des garnisons des villes et des frontières maritimes.
Outre son rôle éminent dans les combats, la cavalerie constituait une pièce
maîtresse dans les revues et les parades militaires, et les cavaliers offraient
les jeux sportifs les plus passionnants lors de spectacles organisés pour la
distraction du souverain et des hauts dignitaires. Ibn Fadhl Allah Al-Umari
relate dans le Masalik el-absar fi mamalik al-amsar une de ces joutes militaires
donnée à l'époque des sultans mérinides : " Le sultan se rend à la campagne, en
milieu largement ouvert. Il reste debout sur une butte de terre. Les troupes
montent à cheval autour de lui. Devant lui, les chevaux s'élancent les uns
contre les autres. Les cavaliers joutent avec leurs lances, les adversaires se
défient. C'est la guerre que l'on imite devant lui. Leurs rangs serrés se
dressent devant lui comme si c'était vraiment la guerre et le combat, tout cela
dans le but de s'aguerrir".
Mais le rôle des chevaux ne s'arrêtait pas là : ils contribuaient d'une
manière décisive à la pompe du pouvoir et au prestige social d'une façon
générale. Les chevaux les plus beaux étaient réservés aux souverains et aux
hauts dignitaires, et monter à cheval marquait un rang social. Au Maghreb
extrême, en Ifriqiya et en Andalousie, quand le souverain se rendait en cortège
solennel aux prières des grandes fêtes ou à celle du vendredi, quand il sortait
ou rentrait dans sa capitale, et quand il faisait sa sortie quotidienne ou
hebdomadaire, il s'avançait à cheval, accompagné des insignes royaux (étendards,
tambours, parasol, etc.), au milieu des hauts personnages de sa famille et des
chefs de la dynastie, qui étaient généralement à pied, et qui ne montaient à
cheval que lorsque le sultan les y invitait. D'après Ibn Fadhl Allah Al-Umari,
prendre place à cheval aux côtés du sultan était considéré comme un honneur,
réservé aux grands dignitaires de la dynastie : "Quand le sultan est à cheval,
il ne saurait avoir à ses côtés que l'un des grands cheikhs des Banu Marin ou
l'un des principaux chefs des Arabes bédouins. La plupart du temps, quand il
fait appeler quelqu'un, celui-ci ne se présente devant lui qu'à pied. Parfois,
le visiteur lui parle en allant à pied à côté de lui, parfois, pour lui faire
honneur, le sultan lui ordonne de monter à cheval2". Lorsque le souverain de Fès
répondait aux plaintes de ses sujets, ceux-ci devaient le guetter sur son
passage à cheval. Pour honorer les plus hauts personnages de l'Etat, on leur
permettait de prendre place à cheval, aux côtés du souverain.
Si la mule, voire
l'âne n'étaient pas négligés comme montures,
même par les plus importants personnages, c'était le
cheval qui était entouré du plus grand prestige. Ibn
Khaldoun, comme les autres grands dignitaires, voyageait à
cheval, comme il nous l'apprend à l'occasion du récit
d'une mésaventure qui lui était arrivée lors d'un
voyage de l'Algérie au Maroc à travers le Sahara, voyage
au cours duquel il fut contraint de céder sa monture à
l'issue d'une attaque de brigands. Le même Ibn Khaldoun
précise que, débarqué à Bejaïa
où il était appelé par le prince Abu Abdallah pour
occuper le poste de chambellan, il fut accueilli par les hauts
dignitaires de la ville, montés à cheval.
Mais le témoignage le plus intéressant, que nous devons au grand historien
maghrébin, concerne les échanges de présents entre les souverains maghrébins et
égyptiens, où le cheval tenait une place prépondérante. Pendant son séjour en
Andalousie, où il fut reçu par le roi Mohamed Ibn Al-Ahmar, Ibn Khaldoun fut
envoyé par celui-ci en ambassade auprès du roi de Castille, Pierre le Cruel, en
1363. Il était porteur d'un présent "comprenant notamment des soieries et des
chevaux de race pourvus de lourds étriers en or". Lui-même se vit offrir de la
part du souverain chrétien, avant son départ de Séville, "une mule fringante
munie de lourds étriers et d'une bride en or".
Plus tard, installé en Egypte durant les vingt-cinq dernières années de sa
vie, Ibn Khaldoun joua le rôle de conseiller pour les affaires maghrébines
auprès du roi Mamlouk Al Zahir Barqûq. Celui-ci, qui appréciait les chevaux
maghrébins pour leur résistance, fit plusieurs tentatives pour en acquérir. La
première, qui se trouvait liée à un drame personnel d'Ibn Khaldoun, échoua : les
chevaux que le sultan de Tunis lui envoya en cadeau dans le navire transportant
sa famille, qui allait le rejoindre dans son pays d'adoption, fit naufrage au
large d'Alexandrie. Une autre tentative rencontra des difficultés inattendues :
le roi de Fès, Abu Al Abbas Ahmed, mourut avant d'avoir expédié le présent qu'il
destinait au souverain égyptien. Barqûq, impatient, envoya au Maghreb un
émissaire pour acheter les chevaux qu'il désirait tant. A son arrivée à Fès,
l'émissaire fut heureux de trouver le présent du roi déjà prêt à partir, et sur
son chemin vers l'Egypte, il reçut les présents des rois de Tlemcen et de Tunis.
Tous ces présents arrivèrent enfin au palais du roi Al-Zahir Barqûq en l'an
1397. Ils furent exposés devant le souverain et les grands dignitaires de
l'Etat, puis partagés. Voici la description qu'en donne Ibn Khaldoun dans son
Autobiographie :
"Le présent du maître du Maghreb comprenait : trente-cinq chevaux pur-sang,
munis de selles brodées en or, de brides dorées, d'épées ornées : trente-cinq
charges de cuir, de tissus de soie, de lin, et de laine de la meilleure qualité.
Celui du maître de Tlemcen : trente chevaux avec des étriers dorés et plusieurs
charges de tissus. Enfin, celui du maître de Tunis : trente chevaux recouverts
de housses, sans étriers. Tous les objets étaient d'un beau travail et d'une
espèce rare. Le jour où ils furent exposés devant le sultan, celui-ci se tenait
dans la salle du trône, entouré de toute la pompe royale".
L'échange de
présents constitués d'objets rares entre les souverains
d'Egypte et du Maghreb, précise Ibn Khaldoun, est une tradition
ancienne, remontant au moins jusqu'à l'époque de Saladin.
Pour les royaumes de Fès et de Tlemcen, ces échanges se
faisaient généralement à l'occasion du
pèlerinage à La Mecque, lorsque les pèlerins
maghrébins devaient traverser l'Egypte pour se rendre en Arabie.
Pour l'Ifriqiya, ils se produisaient plus fréquemment, à
l'occasion des différentes fêtes de l'année. Ils
avaient sans doute une importante portée diplomatique, et
permettaient, en outre, de faire connaître les produits de chaque
pays. Ibn Khaldoun évoque plusieurs exemples de ces
échanges, entre Saladin et l'Almohade Ya'qub Al-Mansur, entre le
Mérinide Yusuf Ibn Ya'qub et le roi mamlouk Al-Nasir Mohamed Ibn
Qalawun, et entre le roi mérinide Abu Al Hassan et le fils de ce
dernier, le roi Al Nasir Ibn Muhamed Ibn Qalâwun. Ayant
lui-même assisté, jeune, à l'arrivée du
présent égyptien à Tunis, il en donne une
description émerveillée : "Le présent du roi Al
Nasir [en réponse à celui que lui avait envoyé Abu
Al Hassan quelques années auparavant] comprenait :
- toute la livraison d'étoffes (soieries et tissus fabriqués à Alexandrie)
qui était annuellement portée au palais du roi (égyptien) : elle avait une
valeur de 50.000 dinars;
- une tente royale fabriquée en Syrie; conçue comme un palais, elle était
composée de plusieurs pièces pour dormir, des salles pour les réunions, des
cuisines, des tours de surveillance, et d'autres tours dont l'une devait servir
au sultan pour la revue des troupes;
- une maquette de mosquée avec mihrab, colonnes, minaret, faite de pièces
de lin recousues, coupées selon les formes voulues par ceux qui ont conçu la
maquette;
- une deuxième tente, ronde et haute, surmontée d'un cône; très spacieuse,
elle pouvait abriter plus de cent cavaliers;
- dix chevaux pur-sang, avec étriers et mors en or poli.
"Quand ce présent passa par Tunis, il était accompagné par des serviteurs
chargés de dresser les tentes. On l'exposa devant le sultan de Tunis, et je pus
voir ce jour-là de mes propres yeux toutes les choses qu'il renfermait ( ).
Longtemps après, on continua à en parler avec émerveillement".
On remarquera que le somptueux présent égyptien ne comprenait que dix
chevaux. En revanche, celui du roi mérinide auquel il répondait, en plus des
produits les plus beaux du Maghreb, comprenait cinq cents chevaux. On remarquera
également qu'étant donné la quantité des produits échangés et leur valeur, qui
dépassait plusieurs centaines de milliers de dinars d'or, il s'agissait en
réalité d'un véritable échange économique, sous forme de troc.
Associations musicales andalouses d'Alger : intense labeur pour perpétuer
un héritage ancestral
Sep 01, 2005
(La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Les associations musicales andalouses en Algérie sont le témoin vivant de
la réussite de la formation de proximité au profit des jeunes pour la
transmission et la préservation d'un pan de notre patrimoine immatériel. Dans
notre pays, il existe trois grandes écoles de musique andalouse. Celle de
Tlemcen qui représente le ghernati, celle d'Alger qui enseigne la çanaa et celle
de Constantine qui représente le malouf.
A l'origine, le répertoire de la musique andalouse était composé de 24
noubas, dont chacune exprime une composition instrumentale et vocale
correspondant à chaque heure de la journée. Malheureusement, aujourd'hui, il ne
subsiste plus que 12 noubas. Dans le souci que ces dernières ne tombent dans
l'oubli, de grands noms ont oeuvré et continuent d'oeuvrer pour la préservation,
la sauvegarde et la transmission des différents modes qui ont survécu grâce à la
formation au sein d'associations musicales.
Dans le cadre associatif, "El Djazaïria" et "El Mossilia", deux anciennes
associations, ont le même but : la sauvegarde et la transmission des bases de la
musique classique arabo-andalouse.
C'est ainsi que les deux centres de rayonnement musical avaient décidé
d'unir leurs efforts afin que leurs actions deviennent plus efficaces. A cet
effet, elles avaient fusionné sous une seule bannière, le 15 octobre 1951.
Depuis cette date, plusieurs générations de musiciens et d'interprètes ont porté
la beauté des noubas dans le monde entier. L'action de ces deux associations
avait été un véritable catalyseur pour l'éclosion d'une nouvelle mouvance dans
plusieurs régions du pays.
Il est à signaler que la majorité des associations, créées dans les années
trente, avaient disparu ou gelé leurs activités, durant la Seconde Guerre
mondiale.
Avec l'indépendance de l'Algérie, le souffle de la liberté marque la
reprise des activités des diverses associations au niveau national. Cet
engouement marque l'attachement à un patrimoine musical d'une grande valeur,
héritage d'une tradition séculaire. C'est dans cet esprit que l'association "El
Djazaïria El Mossilia" deviendra une véritable école de musique andalouse.
Ainsi, chaque année, elle compte dans ses rangs plus de trois cents élèves,
filles et garçons, appartenant à toutes les couches sociales. Il est à préciser
que l'association a été la première à avoir introduit la mixité dans ses cours.
Elle sera très appréciée pour la rigueur et la haute qualité de son
enseignement. C'est tout naturellement qu'elle servira de modèle à de nombreuses
associations qui s'attelleront à suivre son exemple. Au jour d'aujourd'hui,
l'association continue à présenter régulièrement des concerts en Algérie. Elle
est aussi l'ambassadrice de la musique andalouse à travers plusieurs
représentations à l'étranger. L'orchestre est composé de jeunes amateurs dont
certains sont dans le primaire, d'autres poursuivent leurs études
universitaires, alors que quelques-uns, entrés dans le monde du travail,
continuent à être des membres actifs au sein de l'orchestre. C'est en octobre
1986 que l'association "Essendoussia" voit le jour après moult difficultés.
Ne possédant même pas de local, les premiers membres ont commencé leurs
répétitions dans un atelier de restauration de meubles au chemin Bobillot. Ce
n'est qu'en 1987 que le Comité des fêtes de la ville d'Alger a mis à la
disposition de l'association un autre local au sein du théâtre de Verdure
d'Alger. Malgré les difficultés, les membres de l'association n'ont cessé de
déployer d'intenses efforts dans une série d'activités. Disposant, au départ,
d'une seule classe constituée d'une quinzaine de personnes dont la plupart
étaient des élèves du conservatoire d'Alger. Mais au bout d'une année, avec la
réputation grandissante de l'association, le nombre d'élèves augmenta et
plusieurs classes ont été créées pour répondre à la demande des candidats.
Ainsi, peu de temps après sa création, Essendoussia comptait déjà dans la
classe supérieure près de 45 élèves.
Le dur labeur des membres de l'association a été couronné par l'attribution
successive de deux premiers prix lors du festival du Printemps musical d'Alger
en 1987 et 1988.
Cette association a également innové dans la sauvegarde du patrimoine
andalou en étant la première à enregistrer une casette audio, qui avait été un
véritable succès grâce à sa haute qualité musicale et technique. Essendoussia a
également poursuivi l'enregistrement de plusieurs cassettes et CD sur des modes
différents tels que le aroubi, le rasd-dil, le ramel et le ghrib.
Dans un autre registre, "El Djazira" est une association musicale qui se
distingue par une approche différente pour la promotion de la musique classique
andalouse auprès des nouvelles générations.
Au départ, l'ensemble d'El Djazira s'est constitué en trio, puis en quatuor
et enfin en quintette. Ils ont innové en écartant les percussions, tar et
derbouka, afin de donner une nouvelle fluidité à la musique savante.
C'est dans cet esprit qu'en décembre 1998 l'orchestre de musique de chambre
est né sur une idée de Bachir Mazouniz pour une nouvelle approche de
l'expression de la musique andalouse avec la collaboration de musiciens
provenant d'institutions académiques de musique universelle.
Ainsi, dans sa constance et ses idées novatrices, El Djazira aspire à
universaliser le patrimoine andalou algérien, tout en préservant l'originalité
et les repères culturels de cette musique.
L'une des dernières associations à avoir vu le jour à Alger est
l'association Mezghenna, créée le 28 février 1999. L'objectif de l'association
est de vulgariser et de promouvoir la chanson andalouse et le hawzi par la
création d'écoles et de chorales, et participer à des festivals et concerts tant
en Algérie qu'à l'étranger avec les jeunes et talentueux artistes et musiciens
issus des grandes écoles d'andalou d'Alger, avec pour ambition la préservation
du patrimoine culturel algérien.
Aux alentours d'Alger, il existe également plusieurs associations qui
activent dans le domaine de la formation et la transmission de la musique
andalouse. A titre d'exemple on peut citer l'association musicale "El Widadia",
de la ville des Roses, l'une des plus vieilles formations du pays, créée en
1932.
Son fondateur, l'illustre Mohamed Khedaoui dit "Si Moussa", décéda le 30
janvier 1954. Il était l'un des promoteurs de la renaissance culturelle à Blida.
En parallèle, il dirigeait la troupe théâtrale d'où émergèrent Mohamed Touri, Si
Bachir, Si Bouziane Bouleghbar.
La section musicale était encadrée par Boualem Bouteldja dit Stamairo,
Ahmed Lahsib. En 1936, "El Widadia" est renforcée par un professeur attitré,
Si Mahieddine Lakhal qui contribua grandement à l'éclosion de Dahmane
Benachour, Hadj El Mahfoud. De succès en succès, l'association s'était
produite sur les scènes de toutes les grandes villes algériennes et même à
l'étranger. Hélas, cela ne dura qu'une dizaine d'années. La Seconde Guerre
mondiale éparpilla ses membres et la troupe fut dissoute. Ce n'est que grâce aux
efforts répétés de ces anciens membres et surtout d'Oukaci
Mahfoud que l'association revient sur le devant de la scène en 1971. Les
répétitions avaient repris dans un petit local de la rue Abdellah pour avoir
enfin un siège sur le boulevard Mahjoub Boualem. Dès sa reprise, elle est
finaliste au 3e Festival national de la musique andalouse de 1972 et obtient le
1er prix au Festival de la jeunesse de 1973. Ainsi, l'ensemble blidéen
représente l'Algérie en digne ambassadeur à plusieurs occasions. Aujourd'hui,
l'association compte environ 120 élèves répartis en trois classes.
L'autre association emblématique de la canaa d'Alger est celle d'"El
Djenadia", en hommage à cheikh Si Boualem El Djenadi, natif de Boufarik. Cette
association a vu le jour le 5 octobre 1986 à Boufarik.
El Djenadia s'est relevée en 1996 en se fixant de nouveaux objectifs, à
savoir prendre part au développement culturel du pays, ainsi que la création
d'une école de musique afin de familiariser la jeunesse avec ses chants
ancestraux. Actuellement, l'association oeuvre quotidiennement pour la
vulgarisation et la sauvegarde du patrimoine musical andalou.
Protéger les arbres, c'est vital
Mar 22, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Plus de 50 arbres par habitant sont nécessaires à la purification de l'air pollué
A l'occasion de la Journée mondiale de l'arbre, les
régions de la wilaya de Tlemcen ont célébré
l'événement chacune à sa façon. Et ce, afin
de démontrer le rôle que joue cette espèce
végétale dans la vie de l'être humain et
l'environnement. Partout dans les circonscriptions des forêts,
à savoir Sebdou, Ghazaouet, Maghnia, Tlemcen des explications
ont été données concernant l'environnement, les
forêts, ainsi que des opérations de plantation d'arbres
Les intervenants ont tenté de décrire que la
végétation sous toutes ses formes (arbres, arbustes et
espèces herbacées, arbres isolés, en bosquets ou
en forêt) constitue un élément des
écosystèmes urbains et naturels. L'arbre absorbe et
réfléchit les radiations solaires de telle sorte que
l'individu recherche l'ombre lors de journées
ensoleillées et de grande chaleur. Les conifères assurent
une protection contre les radiations solaires pendant toute
l'année. L'absorption par la végétation des
radiations de grande longueur d'onde provenant du soleil permet
également aux arbres de réduire l'écart entre les
températures diurnes et nocturnes.
Sous un couvert d'arbres, les journées seront moins chaudes,
tandis que les nuits seront moins fraîches. Par ailleurs, les
anciens retraités ont tenu à souligner que la
végétation joue un rôle important pour la
protection des sols contre l'érosion par l'eau et le vent.
Laissés à nu, les espaces ouverts en milieu urbain
peuvent se dégrader rapidement. L'absence de couvert
végétal rend la surface du sol plus sensible à
l'impact des gouttes d'eau et à la force du vent. Il peut
s'ensuivre une dégradation de la structure du sol ou une perte
de matériau (par ravinement, érosion par ruissellement,
boues, vents de sable, etc.) C'est pourquoi, ils insistent sur la
nécessité de prendre soin de l'arbre. Lors de cette
journée, plusieurs cadres retraités, et gardes forestiers
ont été honorés en présence des
autorités locales. Il est à noter qu'à travers la
wilaya de Tlemcen les incendies ont engendré de graves pertes,
et l'appel a été lancé pour protéger ce que
nos ancêtres et la nature nous ont légué : l'arbre.
Jamal Eddine Bencheikh, chantre du dialogue entre les cultures (PORTRAIT)
Copyright Agence France-Presse, PARIS, 10 août 2005 (AFP) -
L'écrivain franco-algérien Jamal Eddine Bencheikh,
décédé lundi à Tours à l'âge
de 75 ans, était un spécialiste du patrimoine
littéraire arabe et un chantre du dialogue entre les cultures.
Auteur et critique exigeant, avare de son amitié, il
s'était attelé pendant des années à la
traduction des "Mille et une nuits", dont une nouvelle édition
vient d'être publiée dans la Pléiade chez
Gallimard.
Disciple de l'orientaliste français Régis
Blachère, il s'était distingué dès ses
premières années d'étude par sa volonté de
"faire autre chose".
"On a toujours voulu m'apprendre à regarder dans une direction,
alors que je veux regarder dans une autre", avait-il l'habitude de
plaisanter pour expliquer notamment la distance qu'il prenait avec ses
maîtres.
Vif de caractère, ce chercheur passionné s'était
distingué par sa dénonciation sans appel de l'islamisme
et avait notamment critiqué cette "poignée
(d'intégristes) qui parle au nom de l'islam de telle
manière qu'elle est en train d'approfondir
l'incompréhension entre les musulmans et l'Occident".
"L'islam auquel je crois est une foi et non un pouvoir, une morale et
non une politique, j'en appelle à la spiritualité contre
l'arbitraire et la tyrannie qui gouvernent l'esprit d'une
poignée de musulmans", affirmait-il.
Préférant l'ombre à la lumière, il
s'était consacré à la littérature arabe
médiévale, qu'il enseignait à la Sorbonne et dont
il était l'un des plus éminents connaisseurs en France.
Spécialiste de la poésie arabe, il était l'auteur
d'une anthologie de la poésie algérienne francophone
entre 1945 et 1965 et d'un ouvrage de référence sur le
sujet publié en 1989 chez Gallimard. Il avait traduit aussi de
nombreux poètes arabes.
Il est également l'auteur d'une introduction aux
"Prolégomènes" d'Ibn Khaldoun, considéré
comme un des fondateurs de la sociologie, dans laquelle il mettait en
évidence le rationalisme de l'auteur arabe.
Exil volontaire
Bencheikh était né à Casablanca (Maroc) en 1930
d'une famille algérienne de magistrats musulmans originaire de
Tlemcen (ouest algérien).
Après deux années d'études supérieures
à Alger entre 1951 et 1953, il avait rejoint la Sorbonne pour y
terminer sa formation.
Il était rentré en Algérie après
l'Indépendance, en 1962, et avait fondé le
département de littérature comparée au sein de la
jeune université algérienne. Mais en 1969, il s'impose un
exil volontaire en France pour protester contre les restrictions de
libertés imposées par le régime de parti unique de
Houari Boumediène (1965-1978).
Il enseigne à l'université de Vincennes, aux côtés notamment de Jacques Lacan et Michel Foucault.
Son second retour à Alger, en 1992, à l'invitation du
ministre de l'Enseignement supérieur Djillali Lyabès, se
solde par un nouvel échec. Il reprend le chemin de la France
après l'assassinat du ministre par un groupe armé
intégriste.
Bencheikh était aussi l'auteur de plusieurs contributions
à caractère politique, réunies en 2001 dans un
recueil intitulé "Ecrits politiques".
Dans ces textes d'une grande vigueur intellectuelle, il abordait
à sa façon, distanciée et critique, avec une
pointe de découragement, les problèmes posés par
l'islamisme, le conflit israélo-arabe et la dégradation
du monde arabe voué aux tyrannies et à l'arbritaire
contre ses penseurs, ses poètes et ses écrivains.
Une bonne partie du répertoire ayant déjà été perdue,
transcription et enregistrement du patrimoine musical s'imposent
Mar 17, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Comme dans tous les autres secteurs du patrimoine national, la musique
andalouse a été pendant longtemps négligée pour ne pas dire oubliée.
Une négligence qui lui a coûté, entre autres, douze de ses noubas perdure.
Quant aux douze autres noubas restantes, elles n'ont fait l'objet de
transcription et d'enregistrement que récemment. Les associations de la musique
classique algérienne étaient pratiquement les seuls organismes qui ont permis à
cette musique, que très peu d'artistes ont tenté d'affranchir, de s'exercer hors
des partitions. Cependant, ces associations qui activent un peu partout sur le
territoire national ne donnaient qu'occasionnellement des concerts, n'attirant
qu'un public d'initiés et de connaisseurs, certes, mais hélas peu nombreux.
Enseignement et divulgation
Néanmoins, il semblerait que, ces dernières années, la musique andalouse se
soit sauvée de la déperdition, se libérant enfin de son inertie. Les noubas
quittent, petit à petit, leur nid dans les associations pour s'envoler vers
d'autres horizons. Pour commencer et ce, pour la première fois dans l'histoire
de la musique classique algérienne, un orchestre national est né d'une union
entre les trois grandes écoles de la musique andalouse, celles d'Alger, de
Constantine et de Tlemcen. "Le but de cet orchestre national de la
musique andalouse est de briser le mur de Berlin qui s'est construit entre les
trois écoles", dira M. Rachid Guerbas, directeur de l'orchestre. "La rivalité
qui persistera entre ces écoles ne fera que les stimuler dans le domaine de la
recherche et de la préservation du patrimoine en se rapprochant de
l'interprétation originelle, boucler les compositions inachevées et transcrire
l'héritage immatériel andalou non inscrit. Par la même occasion, on interviendra
dans l'enseignement pour former les futures générations."
Transcription et préservation
Du côté des artistes indépendants, le maître de la musique andalouse, Sid
Ahmed Serri, s'est beaucoup investi pour préserver la tradition andalouse
authentique et ce, en entreprenant l'enregistrement intégral du répertoire
musical classique de l'école d'Alger, aidé de Bouabdellah Zerrouki. Cette
louable initiative, contribue largement à mettre à l'abri de la déperdition ce
riche patrimoine. Nassereddine Chaouli se joint à lui en annonçant pour sa part
que, bientôt, il se lancera dans l'enregistrement des douze noubas. Une
opération d'enregistrement et de transcription déjà effectuée par Beihdja Rahal
dès le début de sa carrière dans les années 90. "C'est l'idée de divulguer et
conserver le patrimoine andalou qui a motivé le lancement de ma carrière. Mon
premier souci était d'enregistrer et de restituer les douze nouba, ce qui
n'avait jamais été fait auparavant", dira l'artiste. Diplômée du Conservatoire
d'Alger et élève de grands maîtres tels que M. Khaznadji, A. Fakhardji et Z.
Karkachi, Beihdja entame son "rêve" en créant d'abord en 1993 à Paris, son
propre orchestre selon les normes esthétiques de l'école de musique arabo-
andalouse d'Alger. Il en résulte l'enregistrement en France de la première
nouba, Zidane, en cassette. Les autres noubas suivront au fur et à mesure, non
seulement à travers des enregistrements mais aussi à travers des concerts
promotionnels que l'artiste organisait en Algérie comme en France. "Ce qui n'a
pas été aisé vu le peu d'intérêt que manifestait le public algérien, les jeunes
notamment, à cette musique", estime-t-elle.
La nouba suscite l'intérêt
Avant que la boucle des douze noubas ne soit bouclée, beaucoup se sont
interrogés sur la "suite" du projet de Beihdja Rahal. "Je ferai peut-être du raï
!", se plaisait-elle à répéter en plaisantant. Cependant, l'artiste savait
d'ores et déjà ce qu'elle allait faire, le projet de préservation des noubas
étant loin d'être achevé. "Mon travail de recherche est loin d'être terminé.
J'ai l'intention de relancer les douze noubas en rajoutant cette fois-ci des
morceaux inédits", a-t-elle annoncé. En "fouinant", entre autres, du côté des
maîtres défunts de la musique andalouse, Beihdja a pu "dénicher" des
compositions inédites qu'on croyait disparues. C'est le cas de la nouba Mezmoum,
titre de son dernier album sorti en septembre 2004. Cette nouba, publiée pour la
première fois en France en 1997, est rééditée avec l'introduction d'autres
morceaux qui manquaient à la première édition. "Grâce aux partitions et aux
bandes sonores originales d'El Hadj Omar Bensemmane laissées à son fils, Yacine,
on a pu trouver des morceaux inédits qui n'avaient jamais été exploités
auparavant", affirme-t-elle en promettant d'autres surprises du même style.
L'interprète de la musique andalouse Nassima a annoncé pour sa part, il y a
quelques mois dans une conférence de presse, qu'elle a l'intention de contribuer
à la préservation du patrimoine andalou. "Je suis assez fière d'être la première
femme à avoir interprété une nouba complète. Avant de mourir, El Hadj Sadek m'a
laissé comme testament les partitions de la musique andalouse. Il m'a dit : Je
te confie la musique andalouse, prends en grand soin et surtout conserve-là !"
confie Nassima. C'est pour cette raison, ajoutera-t-elle, que j'ai repris mes
études en musique arabo-andalouse en France. Pour mieux exaucer les dernières
volontés de Hadj Sadek, Nassima part effectivement en France et redémarre à
zéro. "J'ai refait mes études et après dix ans d'absence en Algérie, je me sens
prête pour réaliser mon projet".
Préservation du patrimoine : enjeux et perspectives
Mar 17, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Les richesses patrimoniales constituent les fils d'une trame identitaire
Parmi les dossiers importants auxquels s'attelle le ministère de
la Culture, le patrimoine tient une place cardinale. De sa promotion,
sa préservation et sa restauration, il est souvent question ces
derniers mois, voire ces dernières années.
Décliné dans ses différentes facettes,
muséale, archéologique ou immatérielle, le
patrimoine algérien s'avère être un chantier dont
les frontières non encore établies tendent à
être dessinées via la mise en place d'une nomenclature et
d'un inventaire initié l'an dernier par la ministre de la
Culture, Khalida Toumi. Le recensement des biens matériels et
immatériels étant le préalable à toutes les
opérations de protection et de restauration. Sur la sauvegarde
des monuments historiques et archéologiques, l'urgence n'a
d'égal que la fragilité et la vulnérabilité
des sites face à la corrosion induite par le temps et les
hommes. La Casbah d'Alger tient une position phare, un rôle
pilote pour une politique culturelle de la réhabilitation. Ce
site, datant de l'époque ottomane, qui s'étend sur 40
hectares, fait l'objet aujourd'hui d'une vaste opération de
restauration architecturale.
Classée patrimoine national en 1991, et patrimoine universel par
l'Unesco en 1992, la Casbah d'Alger, célébrée tous
les 23 février, nécessite pour sa résurrection des
fonds qui se chiffrent en dizaines de milliards de centimes mais aussi
une expertise et un savoir-faire pour lesquels il faut investir. De la
mosquée de Sidi Ramdane au mausolée de Sidi Abderrahmane
Ethaalibi, du palais Dar Essouf à la Citadelle, de Dar El Qadi
à Dar El Hamra, le chemin est aussi celui de l'Histoire que l'on
épargne. Il s'agit également de préserver des
métiers que des artisans ont longtemps perpétués
et qui risquent l'extinction. Le chantier "Casbah d'Alger" mené
à terme, matérialisera en somme l'optimum de la promotion
du patrimoine, dans le sens où il garantit la continuité
de la vie sociale et culturelle. Les autres casbahs (de Constantine, de
Béjaïa, de Cherchell ou Tlemcen) les médinas, les
ksour, devront être appréhendés non comme des
monuments figés ou des musées mais des lieux de vie.
Comme en témoigne la loi 98-04 portant protection du patrimoine
culturel, qui apporte la nuance sur la définition du patrimoine
culturel dans ses deux dimensions matérielle et
immatérielle.
es projets et bien d'autres n'échoient pas uniquement au
ministère de la Culture mais nécessitent l'implication
d'autres secteurs tels que l'Intérieur, l'Habitat et
l'Urbanisme, ou l'Aménagement du territoire, et bien
évidemment celui des Finances pour délier les cordons de
la bourse. Les subsides, si maigres soient-ils, sont la condition sine
qua non pour ouvrir les chantiers de la restauration du patrimoine,
qu'il faut quelquefois chercher auprès des institutions
internationales. Comme en atteste le programme Manumed, concernant la
conservation des manuscrits (autre legs patrimonial qui dort dans les
khizanate) qui avait mis 100 000 euros dans l'escarcelle
algérienne. Ou les 400 000 dollars octroyés sur les dix
dernières années par le Fonds du patrimoine mondial,
relevant de l'Unesco. Après le bâti, le manuscrit, vient
l'immatériel, patrimoine évanescent qui compte aussi bien
les us et les pratiques socioculturelles, le patrimoine lyrique, et les
savoir-faire locaux.
Rouler le couscous, fredonner une berceuse, célébrer le
Mawlid ennabaoui ou entamer une touiza constituent les fils d'une trame
identitaire. L'Algérie, qui a accueilli en janvier 2005 la
sixième réunion régionale sur la Convention pour
la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, figure en
première place sur la liste des pays signataires. En ratifiant
cette convention, "l'Algérie n'a fait qu'exprimer son engagement
pour la préservation de ce qui fait l'essentiel de
l'humanité : une mémoire, transmise par la tradition, une
identité enveloppée de mythes fondateurs et
d'imaginations créatrices, et une histoire transcrite dans
l'élégance du geste et de la parole", avait
souligné Khalida Toumi lors de son allocution d'ouverture.
Sur ce chapitre, la musique tient une place première. Le
patrimoine lyrique, à transmission essentiellement orale,
gagnerait à être préservé par
l'enregistrement et la transcription. Le la a été
donné par la tutelle avec l'enregistrement de l'Imzad,
répertoire et genre musical pratiqué exclusivement par
les femmes touarègues. Les noubas, suites musicales
arabo-andalouses, font l'objet de différentes tentatives de
sauvegarde, par l'enregistrement et induisent des polémiques sur
le terrain de la transcription. Restent une multitude de genres,
synonymes d'une pluralité d'expression, à
perpétuer et graver pour la postérité. La gageure
étant de ne pas conjuguer sauvegarde et
décontextualisation, protection et momification, afin que le
patrimoine, dépoussiéré, respire au rythme des
pulsations de la société.
Colloque sur les ouléma et érudits de la wilaya de Bouira
Apr 26, 2005 (La Tribune/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
L'un des domaines du patrimoine culturel immatériel de la wilaya
de Bouira, qui a été omis par le passé, sera
évoqué à partir d'aujourd'hui et durant deux jours
dans le cadre d'un colloque organisé par la direction des
affaires religieuses et des waqfs au niveau du théâtre
communal de la ville de Bouira sur les oulémas et érudits
de la région.
Cette rencontre est considérée par les organisateurs
comme l'occasion de rassembler les chercheurs et les penseurs en
théologie des différentes universités du pays afin
de retracer le passé historique de la wilaya depuis les XIIIe et
XIVe siècles, où la région était connue
pour ses érudits dans les différentes disciplines de la
recherche en théologie, les mathématiques et la
médecine, jusqu'à la période actuelle. Les deux
journées du colloque seront consacrées à des
interventions des docteurs spécialistes en histoire, d'anciens
ministres des Affaires religieuses, tels que Y. Bouaziz, S. Chibane,
etc., sur la tribu des M'chedalli, dans la localité de
M'chedallah, à l'est de Bouira, qui a vu naître une
dizaine d'érudits et penseurs ayant contribué par leurs
travaux à l'avancement des sciences et de la culture dans la
région avant d'émigrer vers les régions de
Béjaïa, Tlemcen et en Andalousie.
Pour l'ouest de la wilaya de Bouira, des historiens animeront des
conférences sur l'apport en théologie de la tribu des
Taalba, dans la localité de Lakhdaria, et les travaux de Ben
Djerrum en grammaire et littérature arabes. Les anciens
manuscrits et archives de la région vont constituer aussi une
partie des thèmes prévus pour cette manifestation,
à travers l'intervention de A. M. Chikh, directeur du centre des
archives nationales. La contribution des zaouïas dans la lutte de
libération et la formation religieuse et théologique des
enfants ainsi que le trésor culturel ancestral de la
région de Kabylie, constituent pour le responsable des affaires
religieuses, depuis la nuit des temps une preuve irréfutable que
les populations des différentes localités n'ont à
aucun moment renié leurs traditions et leur attachement à
la religion musulmane et contredit les allégations faisant
état d'une campagne de christianisation dans cette
région.
Musique algérienne : une richesse inépuisable
Dec 22, 2004 (La Presse/AllAfrica Global Media via COMTEX) --
Zakia Kara Terki et son orchestre à Ennejma Ezzahra
Au Palais du Baron d'Erlanger, une voix mélodieuse vient remplir les âmes de
joie et de bonheur. Une voix douce et chatoyante qui a bien séduit le public
venu nombreux, samedi dernier, à l'occasion de l'avant-dernier concert, dédié à
la musique traditionnelle algérienne. Un concert qui entre dans le cadre du
cycle de représentations organisé par le Centre des musiques arabe et
méditerranéenne.
Il s'agit, en effet, de la voix de Zakia Kara Terki, qui a interprété, en
première partie, la Nouba Ghrib et, en deuxième partie, un répertoire populaire
ponctué d'une musique Hawzi et des rythmes Aroubi.
La passion avait sa place dans ce chant monotone, qui sonne comme une
berceuse. Une passion ressentie à travers le jeu de l'orchestre qui, malgré le
rythme un peu lancinant, est accentué d'une justesse et d'une rigueur épatantes.
Cette même passion également présente dans le timbre de cette voix, toujours
monocorde, mais animée d'une chaleur secrète.
Dans le droit fil du style algérois
Ancienne élève de maître Mustapha Belkhouja, Zakia Kara Terki, native de
Tlemcen, n'a eu aucune peine à assimiler le style algérois (çan'aa).
Outre la maîtrise parfaite de sa voix, qu'elle manipule avec tant de grâce et de
subtilité, elle a su séduire, grâce à son impressionnante habileté et à jouer
des instruments de musique traditionnelle, tels que le oud, la kouita et le
r'bab. Ce soir-là, elle a été impressionnante en jouant uniquement de la kouita.
La deuxième partie était plu vivante. Normal, puisque les deux genres
musicaux choisis sont conçus sur un mode plus dynamique. Le Hawzi est composé de
poèmes qui décrivent la beauté de la nature et celles des femmes. Il n'est pas
trop loin du style andalou, interprété tout au long de la première partie.
Quelques phrases se ressemblent, surtout au début de chaque morceau. La musique,
qui oscille entre le Hawzi et l'Arouibi, résonne à la fois d'une manière
romantique et joyeuse, festive et apaisante, et nombreux auront été ,affalés
dans leurs sièges, ceux qui ont accompagné les choeurs, en fredonnant
quelques-uns des airs apparemment connus en Algérie.
Le clou de la soirée fut un bouquet de chansons de malouf tunisien qu'on
estime mal placé pourtant dans ce répertoire typiquement algérien. On aurait
souhaité que tout le concert soit entièrement consacré à la revalorisation de
cette musique algérienne, qui se trouve aujourd'hui submergée malheureusement
par le raï, symbole pour beaucoup de la musique algérienne. Mais erreur: Zakia
Kara Terki et son orchestre, grâce à la virtuosité de leur programme, ont donné
la preuve que la musique algérienne est d'une richesse inépuisable.
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